Steve Jobs is dead!

La mort du rock a été annoncée tant de fois que plus personne n’y croit.  Un refrain retourné de façon chronique sur l’exclamation macabre qui a alimenté le rock plutôt que prophétisé sa fin. 
Steve Jobs a eu une carrière et une vie comparables au rock. Combien de fois sa mort aura été annoncée, voire déclarée, tandis qu’il relançait son parcours sur des terrains qu’il n’aurait pas pu explorer autrement? Le cofondateur de Apple a été donné pour mort une première fois lors du départ de son associé Steve Wozniak. En 1985, il est exclu de son entreprise par le conseil d’administration qui lui préfère John Sculley, l’homme venu du soda que Steve Jobs avait engagé. Steve Jobs, is dead!

C’est éloigné d’Apple que Steve Jobs développe NeXT Computers. Toutefois, le succès commercial des ordinateurs noirs n’est pas au rendez-vous. Alors l’entreprise d’un côté meurt, mais de l’autre pose le fondement du système d’exploitation OSX. Entre-temps Apple agonise, et Steve Jobs renaît. Il retourne à Cupertino, annonce la venue de l’iMac et la mort de la disquette. La concurrence se dépense en sarcasmes, tandis que l’ordinateur-terminal d’Internet est né, portant avec lui la connexion USB. A cette occasion, Steve Jobs fait disparaître son salaire qui devient un dollar symbolique, signifiant que la vie de Apple est liée au succès de ses produits et la sienne à la réalisation de projets. Apple revit. Entretemps, Steve Jobs a parié sur le cinéma qui renonce aux acteurs, racheté l’entreprise de George Lucas et – au contraire de Disney – a cru dans le talent de John Lasseter. C’est Pixar.

Pour créer iPod et iTunes, Steve Jobs expulse le CD. Puis le stylet et le clavier s’effacent du smartphone et l’iPhone apparaît. Le iPad voit le jour, mais sans souris ni trackpad.

Steve Jobs. Un gourou dont la messe était le keynote. Pas de vin, mais des nouveautés.  Une salle comble de disciples: les développeurs.  Une religion fondée sur la pratique avec fidèles, adeptes et prosélytes dans le monde entier. Un credo que tout le monde peut alimenter online ou dans les lieux de communion: bienvenus à l’Apple Store. La parabole de Steve Jobs n’était pas le grand discours, plutôt l’anecdote et l’exemple. C’était le pinacle de la démonstration –cboom ! – qui provoquait l’enthousiasme et la jubilation. Des chiffres qui tombaient pour des prix qui se cassaient, provoquant l’euphorie.

Puis la démission. Steve Jobs is dead!

«But there’s one more thing». Depuis l’annonce de la démission, hommages, articles et discours à propos de Steve Jobs se conjuguent souvent au passé. Comme s’il était mort. Un phénomène qui indique à quel point ses fidèles sont attachés à leur prophète. En se retirant, Steve Jobs provoque au sein d’Apple un vide comparable à la mort. Une fin et un début. Il est probable que Steve Jobs ait voulu ainsi retourner à la vie au-delà de l’univers de la Pomme, histoire –comme dans le rock – de la croquer encore un peu.

*Steve Jobs, remise des diplômes, Standford, 2005   http://bit.ly/3B9Vtv

Article paru dans « Un ristretto! »

 

 

 

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