Italie, 1994. En janvier, Silvio Berlusconi a annoncé son intention d’entrer en politique avec une vidéo diffusée par toutes les chaînes de TV. Fin mars, sans que personne ne l’ait prévu, il gagne les élections. Oscar Luigi Scalfaro, le Président de la République, lui confie le mandat de former le nouveau gouvernement. C’est le début d’une nouvelle ère pour l’Italie. Paradoxalement l’entrée de Silvio Berlusconi au sein de la vie politique italienne correspond à la sortie de scène de Bettino Craxi, l’homme qui pendant des années a été le mentor politique du «Cavaliere».
La tempête provoquée par «Mani pulite» a ravagé la politique italienne. Dirigée par le parquet de Milan et commencée en 1992, l’enquête a mis en lumière «Tangentopoli», un système de corruption et de financement illicite des partis. Une affaire qui a d’abord touché des personnages de l’économie, mais qui ensuite a frappé des politiciens de haut niveau comme le secrétaire du Parti socialiste Bettino Craxi. Depuis la mise en examen de son secrétaire fin 1992, le PSI s’est effrité. En 1993, Craxi démissionne de la tête du parti à la suite de la publication dans la presse du compte bancaire Protezione n° 633.369, ouvert à l’UBS de Lugano et utilisé pour le financement illicite du PSI. L’année suivante Craxi ne se présente pas aux élections, perdant toute immunité parlementaire. La procédure judiciaire s’accélère et le parquet de Milan ordonne la saisie de son passeport. Entretemps Craxi fuit en Tunisie, à Hammamet où il possède une maison, protégé par Ben Ali. Les studios de cinéma appartenant à Tarak Ben Ammar, un puissant producteur de cinéma qui, en 1989, s’est associé à Silvio Berlusconi pour fonder Quinta productions, se trouvent aussi à Hammamet. Bettino Craxi ne rentrera plus jamais en Italie où il sera condamné en 1995. Victime d’une grave forme de diabète et atteint d’une tumeur, pour éviter la justice italienne, il décide de rester en Tunisie où il décède le 19 janvier 2000.
Novembre 2011. La crise a eu raison de Berlusconi sur qui pend toujours l’épée de Damoclès du procès Mills. Est-ce qu’un jour le Cavaliere sera condamné? Suivra-t-il le destin de Craxi? En tout cas, il pourra difficilement se réfugier en Tunisie. Le régime Ben Ali est tombé et surtout Mediaset – l’empire médiatique qu’il a fondé – est copropriétaire avec Tarak Ben Ammar de Nessma TV, la télévision qui a été attaquée par des islamistes après la diffusion du film d’animation “Persepolis”.
Article paru dans « Un ristretto! »
*Berlusconi annonce son entrée en politique http://www.youtube.com/watch?v=3OlQ762Qh-A
*la foule indignée vs. Berlusconi / vs. Craxi http://www.youtube.com/watch?v=XY2Ktj6IqgM