Un éclatement de la zone euro est évoqué toujours plus ouvertement dans les milieux d’affaires. Dans sa version en ligne, le «Financial Times» (FT) faisait état le 29 novembre 2011 de plans d’urgence mis sur pied par de nombreuses multinationales en vue de parer à un tel scénario. Le quotidien britannique se basait sur des entretiens menés avec des «dizaines de cadres» d’entreprises appartenant aux secteurs de l’automobile, de l’énergie ou des biens de consommation courante.
Ces dirigeants craignent que les gouvernements européens ne soient pas en état de maîtriser la crise de la dette souveraine, commente le FT. Ce dernier cite le PDG du producteur de boissons britannique Diageo, Andrew Morgan, lequel met l’accent sur le risque d’aboutir à une dévaluation en chaîne des monnaies européennes qui seraient libérées des contraintes liées à une monnaie unique. «Les marques importées deviendraient très, très chères».
«Il est difficile de penser à l’impensable mais nul ne peut ignorer cette éventualité, il faut s’y préparer», ajoute Jean Pisani-Ferry, le directeur du think-tank Bruegel, basé à Bruxelles. Certains responsables semblent l’avoir pris au mot, à l’instar de Jürgen Dieter Hoffmann, directeur financier de Volkswagen Autoeuropa, bras portugais du constructeur automobile allemand, toujours cité par le FT. «Nous avons fait une analyse grossière de la situation et nous aboutissons à la conclusion qu’un éclatement de l’euro serait gérable».
Quid de la situation en Suisse? «Swatch Group est une société qui produit en Suisse, tous nos calculs sont faits en francs suisses», répond la porte-parole du groupe horloger, Serena Chiesura. Quant à son homologue chez Nestlé, Melanie Kohli, elle précise: «Quelle que soit l’issue pour l’euro, nous continuerons de proposer les meilleurs produits et des innovations avec valeur ajoutée, commercialisés dans la monnaie de leur pays.» A chacun son interprétation mais de toute évidence le scénario catastrophe n’est pas à l’ordre du jour des états-majors industriels helvétiques.
Article paru dans « La Liberté » du 1er décembre 2011