Football, un air de pourri


Le rideau vient de se fermer sur la première partie de la «Liga», le championnat espagnol de football. L’euphorie du «classico», le match Barcelone vs. Real Madrid, appartient au passé. Le Barça vient de rentrer victorieux du Japon avec la Coupe du monde des clubs. Par contre, l’enthousiasme entre une fin de semaine et l’autre semble durer de moins en moins. Les émissions de radio dédiées au foot et les pages du cahier sport de la presse espagnole consacrent de plus en plus de place à l’économie et aux affaires liées au football. La crise a rattrapé le football, lui a enlevé la culotte et à découvert les fesses du roi.
Car, comme nous l’avons constaté avec le cas de Bulat Chagaev, il y a des affaires liés au football qui dépassent le rectangle de jeu. L’Italie en a fait l’expérience aux débuts des années 2000, avec la faillite frauduleuse de colosses industriels Parmalat et Cirio, liés respectivement aux équipes de Parma et de la Lazio de Rome ainsi qu’à leurs présidents de clubs et patrons d’entreprise, Callisto Tanzi et Sergio Cragnotti. Le premier a été condamné en 2010 à huit ans de réclusion, tandis qu’une deuxième condamnation à 10 ans pour la faillite de «Parmatour» a été déclarée à son encontre le 20 décembre. Pour Sergio Cragnotti, la sentence a été prononcée le 4 juillet 2011: 9 ans de réclusion.

Aujourd’hui, c’est le football espagnol qui tremble, ainsi que l’univers trouble dans lequel il est immergé. Real Madrid et FC Barcelone se vantent de leur palmarès, mais la dette de chacune des équipes se situe autour des 500 millions d’euros. L’ensemble des clubs espagnols doit 700 millions au fisc. 21 clubs en Espagne ont recouru à la «ley concursal», une loi qui permet de suspendre le paiement des dettes, sous l’égide de l’administration publique, sans déclaration de faillite. A signaler le cas du club de Majorque, entraîné par Joaquín Caparrós. Ce dernier a été viré il y a quelques mois seulement par Bulat Chagaev. Ou celui du Racing de Santander, dont le président Ahsan Ali Syed, aujourd’hui recherché par Interpol, avait signé le contrat d’acquisition du club à Zurich dans les locaux de Credit Suisse.

La récente enquête judiciaire à propos de l’affaire «Palma Arena», qui cherche à élucider un vaste réseau de corruption aux Iles Baléares et a touché un membre de la maison royale Iñaki Urdangarin, a impliqué aussi Fernando Roig, propriétaire de l’équipe de la Liga de Villareal. De plus, José Maria del Nido,   président et actionnaire du FC Seville, a été condamné cette semaine à 7 ans et demi de prison en première instance, car impliqué  dans l’affaire «Minutas», un vaste scandale de corruption et fraude à la Municipalité de Marbella entre 1999 et 2003.

Décidément, le football n’est pas que ballon, stades et supporters enflammés. Il s’agit aussi d’argent d’origine douteuse et de sombres affaires qui méritent autant d’attention et de ralentis que ceux consacrés chaque semaine pour vérifier si oui ou non il y a eu penalty. La Liga et le football en général, du coup, sont vraiment moins agréables à regarder.

Article paru dans “Un ristretto!

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