Evaluation des politiques publiques


Le succès des activités menées par les entreprises privées se lit dans leur bilan, lorsque ceux-ci ne sont pas falsifiés. L’évaluation des résultats des politiques publiques est plus complexe.

Introspection institutionnelle
On peut d’ailleurs se demander s’il y a toujours une réelle volonté de connaître et de mesurer les effets des choix effectués par les autorités fédérales, cantonales et communales. Prenons par exemple la construction d’un bâtiment ou d’une infrastructure routière; on s’intéressera à la terminaison de l’ouvrage, à sa bienfacture, éventuellement à la durée de sa réalisation (en particulier si les délais promis n’ont pas été tenus) et surtout à la facture finale de l’objet. Les dépassements de coûts, assez fréquents (pour des raisons que nous n’analyserons pas ici), sont examinés avec un souci très légitime des détails. Rarement cependant, on se demandera et on mesurera si l’investissement satisfait bien les besoins pour lesquels il a été consenti.

C’est vrai que les critères d’évaluation sont difficiles à définir. Ils sont pour beaucoup de nature subjective. Comment choisir un indice de satisfaction? Comment en prendre la mesure? Quelle est la population concernée? Quelles sont ses valeurs de référence? Qui enquête pour obtenir les avis? Qui en fait la synthèse?

Autant de questions qui montrent bien la complexité de la tâche. Et qui expliquent certainement qu’on renonce la plupart du temps à engager la démarche. Quel politicien est prêt à assumer une réponse mitigée sinon négative toujours possible?

Une bonne gouvernance, dont on parle beaucoup aujourd’hui, doit pourtant englober cette phase de l’action publique: l’évaluation a posteriori des choix politiques. Car c’est ainsi qu’on peut corriger les erreurs, améliorer la gestion des entreprises publiques et se donner les chances d’augmenter tant la confiance que la satisfaction des citoyens-administrés.

Intérêt d’un regard extérieur
A défaut d’intégrer en interne cette démarche d’évaluation, on s’en remet à des analyses comparatives réalisées par des instances externes. Deux exemples: d’une part les enquêtes PISA qui comparent les performances des systèmes éducatifs et d’autre part, dans un tout autre domaine, le classement des Villes suisses réalisé par la revue Bilanz.

Encore faut-il que les collectivités concernées exploitent, de façon critique, ces études. S’agissant de PISA, il semble que certains départements cantonaux de l’éducation ont pris des mesures pour améliorer les compétences des élèves dans les matières où des faiblesses avaient été révélées ; cela se lit dans leur dernier classement.

Les critères choisis par Bilanz pour établir son classement des Villes ont fait l’objet de critiques fondées. Certaines municipalités, comme celle du Locle particulièrement mal classée, ont ainsi dénoncé des critères «purement affairistes». Il ne faut pas s’étonner qu’une revue économique privilégie cette dimension et s’en tienne à des indices objectivement mesurables. D’autant plus que la qualité de vie (sociale, culturelle et même politique) est éminemment subjective et par conséquent ni codifiable, ni quantifiable.

Le classement de Bilanz n’est malheureusement pas prioritairement destiné aux collectivités concernées pour prendre conscience de leurs faiblesses relatives. Il est en effet utilisé par les investisseurs qui sont logiquement incités à privilégier les «premiers de classe» et à pénaliser de ce fait les autres qui pourraient pourtant avoir besoin de soutien.

Cela dit, malgré ses défauts, le palmarès de Bilanz offre aux villes qui s’y intéresseraient une liste de leurs points faibles sur l’évolution desquels elles ont quelque pouvoir. Il leur appartient donc de tenter d’améliorer leur positionnement.

Article paru dans “Courant d’Idées

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