Heureux les peuples qui ont du pain. Ils peuvent à loisir se concentrer à pleurer leurs fiertés, même si elles les ont lâchés. Depuis quelques semaines, des rives de la Limmat à celles de Neuchâtel, on a pris le deuil. La BNS, ce temple consacré à notre fortune, passée et à venir, vient de boire la tasse à cause d’un boss trop initié. Des médias bien coachés par le haut, comme des instances à fort débit d’influence, ont cherché en vain pour le justifier, à doter Philipp(e) H. d’une stature de “grand homme”. La Suisse en manque cruellement, mais le lecteur ni l’électeur ne sont dupes. Rien de sa personnalité n’a su passer la rampe. Malgré une intelligence et des compétences financières remarquables – la moindre des choses quand on mène une barque de cette envergure – notre grand argentier, trop lisse et trop propret, n’a pas su se retenir à retenir Madame de ce faux pas.
Montrant ses limites, il ne pouvait dès lors incarner cette personnalité hors du commun que la Suisse, entre vignes et pâturages, cherche en vain depuis des décennies. L’Argent, ce malin rampant devenu un but en soi, n’a pas manqué de shooter récemment deux hommes dans les buts. Comme l’ami Bulat Ch., ce messie du foot qui vient de prendre un tacle en pleine gueule. En Principauté, on a le coeur serré. La Swiss Football League a retiré sa licence au club de Xamax. Facchi, Gress et tous ses anciens dignitaires pleurent le temps des cerises, quand la Tchétchenie n’était encore qu’une province, derrière un rideau de fer.
Faux dans les titres, faux salaires et vraies larmes, gros sous douteux, marasme, relégation, chantage et déballage, tout y a passé.
À la Maladière, ce lieu-dit qui autrefois parquait ses grands malades, il va falloir de toute urgence et en attendant le printemps désinfecter le terrain. Les dieux sont morts, mais cessons de pleurnicher. On a toujours de quoi manger.