«Avec ses barrages, la Suisse peut jouer un rôle tampon»


L’Action COST ES1002 se donne pour objectif d’intégrer l’éolien et le solaire dans les réseaux électriques. C’est le Gruérien Alain Heimo qui préside ce programme européen.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Quand il n’est pas à son domicile d’Estavayer-le-Lac, vous le trouvez dans son chalet du Pâquier, en Gruyère. Mais ces prochains temps, Alain Heimo fera quelques infidélités à cette transhumance fribourgeoise. Paris puis Jaen en Espagne attendent le coordinateur de l’Action COST ES1002 (Coopération européenne dans le domaine de la recherche scientifique et technique) dédiée aux énergies renouvelables (www.wire1002.ch ). Créée en novembre 2010, cette initiative se donne pour objectif d’ «améliorer la prévision de production des énergies éoliennes et solaires et leur intégration dans les réseaux électriques».

Comment un Suisse a-t-il pu accéder à une telle fonction? Fondée en 1971, COST est la plate-forme de recherche la plus ancienne d’Europe. Membre fondateur, la Suisse lui attribue la fonction de troisième pilier de sa collaboration scientifique avec Bruxelles. Mais en matière environnementale, à la différence du Danemark ou de l’Espagne, par exemple, la Suisse est le cancre de la classe. «Le but de l’Union européenne est de parvenir à une couverture de 20% par le renouvelable d’ici à 2020 ». Or en Suisse on est encore peu conscient des enjeux: l’éolien et le solaire n’y représentent que 0,7% des sources d’énergie», déplore le physicien de 64 ans.

Nul doute que l’expérience et la longue carrière d’Alain Heimo expliquent la nomination du Fribourgeois à la présidence de l’Action COST ES1002. Ce pionnier a un peu plus de trente ans quand il construit la deuxième maison solaire du pays. «C’était un peu du bricolage mais ça marchait pas mal». Alain Heimo a fait sa carrière à MétéoSuisse comme spécialiste du solaire et des réseaux météorologiques. Aujourd’hui «retraité actif», il exerce des mandats pour Meteotest, une société sise à Berne  qui occupe une place dominante dans ce domaine.

Le manque d’intérêt helvétique pour le solaire, Alain Heimo l’explique par une situation particulière qui fait que plus de 56% de la production d’électricité est d’origine hydro-électrique (2010). «La Suisse est une île en Europe». Les choses pourraient-elles changer rapidement dans le sens d’une prise de conscience? «La décision de Doris Leuthard de quitter le nucléaire donne une impulsion certaine. Mais miser sur le gaz, une énergie polluante, n’est pas la solution à long terme dans une optique climatique», relève Alain Heimo.

L’adaptation des réseaux existants figure parmi les objectifs prioritaires du nouveau programme COST. «En effet, le renouvelable a ceci de particulier par rapport au nucléaire et à d’autres sources d’énergie conventionnelles, qu’il dépend de la météo. Tout l’enjeu se situe donc au niveau des prévisions qui conditionnent la production. D’où l’importance de prévoir des réserves pour stabiliser les réseaux électriques qui n’ont pas été conçu pour ces apports d’énergie intermittents. Or avec ses barrages, la Suisse est susceptible de jouer un rôle tampon important. Ma tâche, lors de mes prochains voyages, sera de promouvoir au niveau européen le développement de modèles numériques performants, de sélectionner des sites qui acceptent de mettre leurs données à disposition pour y tester la qualité de la prévision et de sensibiliser les opérateurs des réseaux électriques à cette nouvelle donne ».

 

 

 

 

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