Dans le foot, le chic des boss, y’ a rien à dire. C’est impeccable. Rolex, cashmere, flanelle et fines rayures, poil de chameau, laine peignée, cravate en soie, tout sur mesure. Et pour parachever la mise, pilosité domptée, regard pénétrant et brillantine.
Les derniers princes en place, les vrais patrons, sont dans les stades. Ou du moins dans le box des VIP. Ceux qui ont compris la combine et savent soigner leur façade, comme autrefois les pilotes d’industrie, en imposent même aux médias.
Majid, comme jadis Bulat, bichonne son club. Une question de prestige, de visibilité – les empereurs devaient être vus de loin – de confiance surtout, histoire de rassurer sponsors et supporters.
Majid qui nous vient de Perse, allez savoir pourquoi, sinon par passion du Léman quand ce n’est pas pour d’obscures raisons, ne déroge pas à la loi. Il ménage ses entrées, et calcule ses sorties, en expert de la mise en scène. Les portes claquent. Alors qu’elles s’ouvrent, voilà qu’elles se referment déjà. Où est-il? Il a passé par ici? Non, il repassera par là. Notre pacha, qui fait fort dans le mécénat sportif, confond les pisteurs. On le croyait au Servette, le voilà au Portugal. Ses absences, ses retours en grâce, ses apparitions, ses promesses, ses hommes, son respect du public, ses coups de gueule. Tout y est, le spectacle est permanent. On en redemande. Au point qu’on aurait presque un petit faible pour ces trognes si familières. A force de mobiliser nos écrans, nos magazines ou nos conversations de bistrot, ils sont devenus nos potes.
Comment ne pas révérer ces magiciens venus de nulle part, qui d’un tour de passe-passe redorent le blason d’une équipe sans le sou ni motiv’ et qui se donnent à corps perdu dans la défense et la promotion de leurs poulains. Les maillots grenats ni les équipements ne sont payés. Qu’importe ces détails indécents. D’autres équipes plus prestigieuses accusent des retards encore plus coupables dans leurs paiements.
Majid a été localisé en rade de Genève. Va-t-il se casser les dents? Là n’est pas la question. Ils les a longues, comme ses comparses de la Maladière ou de Tourbillon.
Pas question de parler faillite ou impayés. Abracadabra, les dons vont tomber du Ciel.
Un entraîneur lance un cri du coeur: ” Majid a changé notre vie”!