La Norvège, ses côtes dentellées, son soleil de minuit et ses sauteurs à skis aux noms imprononçables. Et ses folkeux de talents, de Thomas Dybdahl à Minor Majority, de Kings Of Konvenience au regretté St. Thomas. Malgré tous ces atouts, Ane Brun prend rapidement congé de ses concitoyens pour s’établir dès 2001 à Stockholm, où elle s’épanouit au sein d’une scène folk foisonnante. Elle prend même la tête de la meute à l’occasion du concert « No more lullabies », grand raoût en faveur de l’environnement organisé autour de Robyn, Loney Dear, Nicolai Dunger et même Benny Anderson (mais oui, le barbu d’ABBA).
Sur « It All Starts With One », son quatrième album studio en dix ans auxquels il convient d’ajouter deux lives et un disque de duos, la Norvégienne sait toujours aussi bien s’entourer, que ce soit des frangines de First Aid Kit pour des choeurs tribaux sur le single « Do you remember », ou de José Gonzalez, le temps d’une ballade lancinante et enivrante de six minutes (« Worship »). La Scandinave ajoute également un peu de profondeur instrumentale à son folk autrefois austère en agrémentant ses compositions de cordes aériennes (« Words »), d’un orgue spectral (« This day ») ou de percussions organiques (« Do you remember »). Cependant, c’est lorsque ses chansons se dénudent, lorsque ne subsiste qu’un piano minimaliste (« Undertow ») ou une guitare famélique (« Lifeline »), que sa voix cristalline légèrement voilée et toute en vibratos fait mouche.
Notons au passage qu’elle sait choyer son public, puisque l’édition limitée du disque comprend huit titres tout sauf dispensables, parmi lesquels des versions bouleversantes d’ « Another world » (Anthony & the Johnsons) et d’ « Alfonsina y el mar », chanson d’Ariel Ramírez rendue populaire par Mercedes Sosa. Sous des dehors glaciaux, le folk d’Ane Brun cache un coeur de braise.
Article paru dans “Valais-Mag“