Le résultat électoral de Pierre-Yves Maillard, premier élu vaudois ce dimanche 11 mars 2012, a son importance. Il le désigne à la présidence du Gouvernement, sauf échec de la gauche au deuxième tour.
PAR PIERRE KOLB
Et la présidence, on le sait, n’est pas rien dans ce canton, le seul à avoir abandonné le tournus présidentiel annuel, que l’on sait en grande partie honorifique, en faveur d’un mandat permanent, donc politique, et susceptible de durer au-delà d’une législature. Pour cette raison, une attention particulière est allé lors de ces élections cantonales aux résultats des champions respectifs de la gauche et de la droite.
Ce dimanche électoral aura été assez étonnant. L’ordre du dépouillement, qui fait tomber les résultats des villes après ceux des campagnes, et en tout dernier ceux de la capitale vaudoise, a eu au cas particulier un curieux effet de course à suspense. Jusqu’à la dernière minute du dépouillement ce fut Pascal Broulis, premier élu il y a cinq ans, qui menait la course suivi de ses deux colistiers libéraux-radicaux Jacqueline de Quattro et Philippe Leuba. Quant à «PYM» (deuxième élu il y a cinq ans), s’il s’est très vite détaché du peloton de gauche, il a dû lentement grignoter le score pour dépasser peu à peu ses adversaire jusqu’à coiffer Broulis au poteau.
Mais foin de métaphores sportives. Ces quatre élus au premier tour configurent un résultat en trompe l’oeil. Il s’explique en partie par le résultat médiocre d’Anne-Catherine Lyon. La deuxième ministre socialiste fait, en chiffres absolus, le même résultat qu’il y a cinq ans, alors que ses collègues de l’exécutif ramassent des suffrages à la pelle. Ses 72.000 suffrages, en regard des 97.000 de son camarade Pierre-Yves Maillard… En pourcentage, elle dégringole de 49 à 44 %. La verte Béatrice Métraux, arrivée au Gouvernement il y a trois mois seulement, se trouve, malgré la faiblesse relative de son parti, en ballottage plus favorable. La socialiste Nuria Gorrite, candidate nouvelle, fait jeu égal (300 voix de différence seulement avec Anne-Catherine Lyon).
Ces trois candidates dans un mouchoir, ce pourrait être embarrassant pour la gauche. Mais la position de la droite l’est encore plus. Car les trois libéraux-radicaux brillament réélus laissent loin, très loin derrière la quatrième roue du char, l’UDC Claude-Alain Voiblet. Ses 62.000 voix, c’est quelque 30.000 de moins que ses colistiers! Son handicap de 10.000 voix sur le peloton socialiste est certes bien moindre, et il y a des restes intéressants à prendre: entre autres dans le nouveau centre vaudois, cette chose assez flasque qui paraît plus susceptible d’inflexions droitières que le contraire. Reste le problème de la capacité de mobilisation, au deuxième tour, des libéraux-radicaux. Vont-ils se démener assez pour sauver le soldat Voiblet?
La gauche, elle, devrait se battre avec conviction, en vue de conforter sa majorité gouvernementale acquise lors de l’élection partielle de décembre 2011. On la dira de ce fait favorite, malgré une situation peu enviable au parlement, où elle reste bien minoritaire, où l’ultragauche continue de s’effriter. Ce contexte explique sa prudence. La marche vers le pouvoir reste une longue marche.
Article paru dans “Courant d’Idées“