Italie, des affaires éclaboussent la “Lega del Nord”


«Roma ladrona!», Rome voleuse ! Une exclamation devenue slogan qui a caractérisé l’histoire de la «Lega del Nord». Un hurlement collectif du peuple prétendument laborieux du Nord de l’Italie contre les jeux de palais de la politique romaine, responsables –selon la Lega – de voler le Nord. «Roma ladrona!». Un cri qui avait contribué au succès de la Lega dans la période qui avait suivi le scandale lié à la corruption en Italie au début des années ’90.

C’était il y vingt ans, la naissance de la deuxième République.  La Lega se présentait comme un parti transparent, étanche à la corruption.  Elle entrait au Parlement, puis accompagnait le succès politique de Silvio Berlusconi. Une alliance donnait lieu au premier gouvernement du «Cavaliere». Puis, après une première rupture, le parti d’Umberto Bossi redevint un socle électoral indispensable aux victoires du centre-droit. Au fil des années, la Lega évolua en un parti de pouvoir à part entière, entrant de manière stable au sein du gouvernement et des institutions régionales.

Avec les années, la force du cri «Roma ladrona!» a donc perdu de sa véhémence. Certes, avec le chariot, Alberto da Giussano, le lion de Venise, les croix de Saint-Georges et de Saint Jean, l’exclamation a contribué à la constitution d’un bric-à-brac de symboles et de références mobilisatrices,  culminant avec l’idée de la Padanie.

Un mouvement élargi, qui n’est plus circonscrit à la Lombardie et la Vénétie, mais touche aussi le Piémont, la Toscane, l’Émilie, l’Ombrie. Cependant, avec une présence constante dans les palais de la capitale, les militants ont commencé à cultiver une image de responsabilité et pragmatisme. C’est plutôt pendant les rassemblements annuels à Pontida, autre symbole de la Lega, que «Roma ladrona!» a continué à résonner très fort.

Aujourd’hui, le vent tourne. Au cours des dernières semaines, «Lega ladrona!» a supplanté «Roma ladrona!». Le parquet de Milan a ouvert une enquête pour corruption à l’encontre de Davide Boni,  le président du Conseil régional de Lombardie. L’enquête porte sur la somme d’un million d’euros qui aurait été destinée de manière illégale à la Lega et à Umberto Bossi. Une affaire qui touche désormais aussi Francesco Belsito, le responsable des finances de la Lega. Ce dernier fait l’objet d’une enquête à propos de recyclage. Surtout, le parquet de Reggio-Calabria entend vérifier si les liaisons entre Francesco Belsito et l’affairiste Romolo Girardelli ont favorisé les intérêts du clan de la ‘ndrangheta De Stefano. Et les enquêteurs de s’intéresser à plusieurs sociétés, dont la Soge SA, une fiduciaire domiciliée à Lugano.
Le volume de «Roma ladrona!» a décidément baissé d’un grand cran.

Article paru dans “Un ristretto!

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