Voilà le genre de livre qui devrait être distribué dans les Facultés de lettres. Ou bien aux cours du soir ausquels s’inscrivent les écrivains en herbe.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Manifestement Arnold Rosin ne nourrit pas une estime démesurée à l’égard du «do it yourself» littéraire, cet amateurisme de la plume dont s’emparent les désoeuvrés du sentiment, qu’ils soient, pour paraphraser l’auteur, avocats, anciens éditeurs, membres de la jet-set, épouses délaissées ou vieilles actrices de cinéma.
Américain à Paris, Rosin connaît ses classiques. Tellement qu’il ne se gêne pas de citer hors filigrane les grands noms de la littérature qui trouvent grâce à ses yeux et ses oreilles d’esthète – oui, cet homme est peintre. Balzac, Stenthal, Flaubert, Tolstoï, Proust, Gide, Camus… Plus loin dans le temps: Dante et Cervantes… Les références s’égrennent au fil des pages de ce petit livre corrosif.
Un pamphlet qui ne figurera pas en bonne place d’un salon du Livre, tout simplement parce qu’il mériterait mieux. Sans prétendre figurer au Panthéon des grands essayistes, Rosin, 91 ans, n’en excelle pas moins dans l’art de ramener l’enjeu à sa plus limpide expression. Le roman traduit une apothéose de l’expérience, un cri spontané dont le dépouillement n’a d’égal que la dimension spirituelle, la vocation de l’apôtre.
Inaccessible Parnasse? Que le lecteur ne se décourage pas, la vertu se pare des atours de la sincérité. Foin du marketing et des ingrédients démagogues qui parsèment un scénario de film candidat à une palme. « Toute grande littérature, conclut l’auteur, est essentiellement la révélation du coeur humain ».
« Comment ne pas écrire un roman », par Arnold Rosin, Editions HD, Paris, 2012.