Ils sont passés inaperçus, noyés au milieu de seins royaux ou alors parce que personne parmi ceux qui font l’opinion ne regarde, ou n’admet regarder – ni même entrevoir – l’émission du samedi conduite par l’insupportable Patrick Sébastien.
PAR DAVID MARIN
Cependant, au-delà de tout avis critique relatif à son émission, celui qui fut pendant quelques jours l’initiateur d’une mouvance citoyenne à la valeur d’un pet mouillé a lancé son émission devant plusieurs femmes aux seins bien découverts, exposés à la caméra. Des danseuses, dans la plus pure tradition des spectacles télévisés de fin d’année, ceux-là mêmes que nos mères nous permettaient de voir, avec cotillons, coupes de champagne et bons vœux.
Bref, bruns ou roses, les mamelons des danseuses n’ont pas laissé de souvenir, car ils étaient anonymes. Filmés et montrés en «prime time», comme un banal décor à la présentation d’invités très convenus et ne perte de vitesse. Silence. Logique.
Il ne s’agit pas de morale ni de pudibonderie. Bonjour le paradoxe, alors que moult émissions nous matraquent avec le topless royal chassé par «Closer». On nous montre la Une du magazine et, par la même occasion, la photo par le biais du sempiternel subterfuge du droit de citation. Au-delà du fait que les paparazzi fusillent des personnes comme du bétail dont la vie privée n’a de valeur que si elle peut être monnayée à la une des magazines; par-delà le choix de rédacteurs en chef et lecteurs qui s’adonnent aux pratiques qui les passionnent, l’information autour de la une de «Closer» pousse et force le spectateur-lecteur dans rôle de voyeur qu’il n’a pas décidé de jouer.
A l’aune du traitement des médias les seins de la royauté semblent avoir plus de valeur que les seins des danseuses de la télévision du samedi soir, mais apparemment notre regard en est aussi le responsable. Une femme n’a-t-elle pas le droit de s’en aller en vacances dans le Lubéron et bronzer les seins nus sans se sentir traquée par des téléobjectifs? Couvrez ces seins royaux que l’on ne saurait voir, et l’attention s’excite. Au contraire, exhibez les seins à la télévision tel un décor et on ne les aperçoit plus. Il suffit qu’il y ait des seins en jeu et notre manière de voir se retrouve sens dessus dessous.
Article paru dans « Un ristretto!«