Tribune libre – Journée de travail de 24 heures, le Parlement n’a rien appris!


À peine les signatures pour le référendum contre la déréglementation intégrale des heures de travail dans les magasins des stations-services avaient-elles été récoltées dans un temps record que le Parlement fédéral décidait de dégrader encore plus les conditions de travail du personnel de vente, et même le dimanche! Cela, en acceptant les motions Lombardi et Abate.

PAR LUCA CIRIGLIANO

Les résultats des votations populaires sur cette question n’ont cessé de le démontrer, et tout récemment encore dans le canton de Bâle-Ville: le peuple, donc les consommateurs et consommatrices, ne veut pas que les heures d’ouverture des commerces soient prolongées. Les citoyen(ne)s ont en effet compris qu’une telle déréglementation n’est que le signe avant-coureur d’une offensive générale contre la protection de la santé garantie dans toutes les branches par le droit du travail. Bientôt, ce serait aux bureaux et autres entreprises de services de prolonger leurs horaires de travail. Les Suisses et les Suissesses ne veulent pas d’une pareille « américanisation » de la vie professionnelle, soit une journée de travail de 24 heures.

On le voit non seulement aux résultats des scrutins cantonaux, mais la vitesse record à laquelle les signatures nécessaires ont été récoltées pour le référendum contre la déréglementation des heures de travail dans les magasins des stations-service montre aussi que ce sujet est un sujet brûlant. Trois semaines avant la fin du délai imparti à la récolte de ces signatures (7 avril), les syndicats avaient en effet réuni, avec les organisations de l’Alliance pour le dimanche, plus de 85 000 signatures.

Tout cela n’a pas empêché les Chambres fédérales de maintenir leurs velléités déréglementatrices et de charger le Conseil fédéral de contraindre à l’avenir les cantons, en modifiant la loi, à permettre que tous les commerces puissent ouvrir dans tout le pays au moins depuis 6 heures à 20 heures la semaine, et 19 heures le samedi. L’«inventeur» de ce diktat centralisateur est le conseiller aux États tessinois Filippo Lombardi. Au lieu de défendre comme à son habitude le fédéralisme, il a demandé que l’«égalité» soit imposée d’en haut, de Genève à Saint-Gall et de Chiasso à Bâle. Les citoyen(ne)s bâlois doivent particulièrement s’énerver, eux qui viennent de rejeter à presque 60 % une prolongation des heures d’ouverture des commerces le samedi.

Encore plus lourde d’un point de vue démocratique est la motion Abate, qui charge le Conseil fédéral d’introduire les ventes du dimanche potentiellement dans toutes les régions du pays. De fait, le peuple n’aurait pas son mot à dire ici. Au lieu de suivre le processus normal de législation, le Conseil fédéral doit procéder à cette importante extension des ventes du dimanche via une modification d’ordonnance. Sous le couvert d’un «encouragement du tourisme», le personnel de vente perdrait le jour de congé le plus important d’un point de vue social. En effet, seul le dimanche joue le rôle, dans toute la Suisse et pour de vastes pans de la population, d’un jour de congé commun destiné à la famille, au repos et au recueillement.

L’USS et ses fédérations ne sauraient assister passivement à pareilles atteintes à la santé des salarié(e)s, hautement problématiques sous l’angle fédéraliste et démocratique. Nous nous réservons explicitement toutes les possibilités juridiques et politiques de stopper cette tactique de déréglementation par tranches.

L’auteur est secrétaire central de l’USS. Article repris de USS infos.

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