A Nyon, Novartis refait l’histoire à sa manière

Fin avril, le ton est à l’autosatisfaction à l’usine Novartis de Nyon-Prangins.

PAR RALPH HUG

A l’heure des petits fours, les moins volubiles ne sont pas le PDG de Novartis, Joe Jimenez, ni le ministre de l’Economie, Johann Schneider-Ammann. Le président du gouvernement vaudois, Pierre Yves Maillard, est aussi de la partie. Tous jubilent car Novartis s’engage à investir le jackpot, 150 millions de francs dans l’usine, à l’horizon 2020. Il y a 18 mois encore personne n’aurait parié un kopek sur la fabrique de médicaments condamnée par Bâle.

Le but du PDG de Novartis, à l’époque, était simple et clair: il s’agissait de réduire les coûts par la méthode forte. Lui faisait écho Armin Zust, le chef de Novartis Suisse. Sur le plateau d’Infrarouge, il avait fallu l’intervention du syndicaliste Yves Defferrard, d’Unia, pour que les responsables de la maison pharmaceutique se décident à lâcher un montant. La fermeture du site permettrait d’économiser 24 millions de francs, soit le salaire annuel déclaré par Daniel Vasella.

Les 130 employés ont commencé à se mobiliser. «Le sauvetage du site de Nyon, on le doit uniquement à la détermination du personnel qui a menacé de se mettre en grève sur les conseils d’Unia», commente Yves Defferrard. Des manifs ainsi qu’une pétition réunissant 18.000 signatures ont fait le reste. Bâle a compris de quel bois on se chauffait sur les bords du Léman. Novartis a complètement modifié sa stratégie, aidé en cela par les cadeaux fiscaux du canton.

La maison est allée si loin dans le changement de cap qu’elle refait aujourd’hui l’histoire à sa manière. «Si l’usine de Nyon existe toujours, c’est grâce à nous tous», insiste Joe Jimenez dans les médias. Pas un mot de la résistance contre le démantèlement, de la menace de grève. Pas un mot du plan de sauvetage élaboré après d’intenses sacrifices horaires par les employés, ni de l’acceptation par ce même personnel d’augmenter son temps de travail de 37,5 à 40 heures, voire même de renoncer à toute augmentation de salaire en 2012. Pas un mot, bien entendu, d’Unia dont le combat a mené à l’un des plus grands succès de l’histoire syndicale récente en Suisse.

Ces faits, il ne viendrait pas à l’idée des responsables de Novartis de les reconnaître. Interrogé, le nouveau chef de Novartis Suisse, Pascal Brenneisen, répond: «les menaces de grèves ne sont pas des initiatives constructives en vue de trouver des solutions. Dans le cas particulier, elles n’ont mené à rien». Ce que Brenneisen tait, c’est que les négociations n’auraient jamais été entreprises sans la grève.

Article paru dans « Work«  No. 8, 10 mai 2013. Traduction: CC

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