Le rachat du «Landbote» par Tamedia révèle un enjeu fribourgeois

Annoncé cette semaine, le rachat du quotidien «Landbote» par Tamedia est un nouveau coup porté à la diversité de la presse en Suisse.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Presque bicentenaire, le «Landbote» a porté longtemps fièrement l’étendard de la région de Winterthour face à sa puissante voisine Zurich. Ce rôle d’ambassadeur s’achève aujourd’hui. Le «Landbote» gardera une identité régionale dans ses pages ad hoc mais devra partager la plupart de ses rubriques avec d’autres titres de Tamedia.

On peut tirer trois leçons de cette nouvelle qui désole mais ne surprend personne dans la mesure où Tamedia détenait déjà 20% du capital du Landbote et disposait d’un droit de préemption. La première c’est qu’il ne faut pas forcément prendre les déclarations d’un homme d’affaires pour de l’argent comptant. Dans une interview accordée à l’auteur de ces lignes en février 2011, Martin Kall, alors PDG de Tamedia, assurait qu’il n’était pas dans l’objectif du groupe zurichois de racheter toute la presse helvétique. Il donnait l’exemple du «Landbote», un «partenaire» auquel Tamedia octroie «toute son indépendance». Deux ans et demi plus tard, ces propos sonnent bien creux.

Négociation à Fribourg

Le deuxième enseignement dérive du premier et concerne la presse romande. Tamedia négocie actuellement l’impression des titres appartenant au groupe fribourgeois St-Paul. Un contrat du type de celui qui liait Tamedia au «Landbote» – une participation minoritaire – est-il possible? Même si «La Liberté», navire amiral de St-Paul, clame haut et fort sa volonté de garder son indépendance, on ne peut en tout cas l’exclure, d’autant qu’il est de notoriété publique que la congrégation religieuse propriétaire de «La Liberté» cherche à se défaire de la majorité du capital. Si ce cas de figure devait se concrétiser, on pourrait commencer à compter les jours qui séparent la presse fribourgeoise de son Canossa.

La troisième leçon n’est pas forcément négative selon où l’on se place. Si Tamedia, selon ses informations, a déboursé 50 millions de francs pour acheter 70% du «Landbote», cela voudrait dire que la valeur de ce quotidien se situe à hauteur de 70 millions. A l’heure de la crise publicitaire qui plombe les comptes de la presse écrite, c’est un excellent prix pour un journal d’autant qu’il n’inclut pas l’imprimerie Ziegler, l’ancien propriétaire du quotidien de Winterthour, ni les immeubles du groupe. Pour acquérir ce paquet, Tamedia dépenserait 35 millions de plus.

Jackpot pour Tamedia ou St-Paul?

Nul doute qu’à Fribourg, les yeux doivent commencer à pétiller. St-Paul camperait-il sur une montagne d’or? Certes en termes stratégiques, «La Liberté» n’offre pas autant d’atouts que le «Landbote», une entité dont l’enjeu est éminemment zuricho-zurichois. Mais en termes de lectorat, le quotidien fribourgeois a de quoi soutenir la comparaison. Son tirage flirte avec la barre de 40.000 contre 32.000 pour le «Landbote». Si St-Paul pouvait à terme retirer autant de millions de la vente de son fleuron, il atteindrait le jackpot.

Reste à savoir ce qu’en pense le Vatican qui dispose depuis le 19e siècle d’un droit de regard sur le destin du journal catholique également convoité par Hersant. Cet éditeur français n’a pas l’heur de plaire au conseil d’administration laïc de St-Paul mais il est en odeur de sainteté auprès d’influents ecclésiastiques de Suisse romande.

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Un commentaire à “Le rachat du «Landbote» par Tamedia révèle un enjeu fribourgeois”

  1. Le passant ordinaire 30 août 2013 at 08:54 #

    J’attends la suite car je désire à m’abonner à ce quotidien aujourd’hui encore indépendant contrairement au Nouvelliste, la Pravda de Sion-sous-gare, complétement inféodé au groupe Hersant.
    En outre, ce quotidien par les écrits d’un de ses rédacteurs et devenu le thuriféraire de Freysinger et du négationniste Despot. Tout complémentaire critique est systématiquement non publié.

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