Chacun connaît et reconnaît sans peine nos poiriers communs cultivés et hôtes de nos vergers qu’ils ornent de leurs grandes silhouettes, affichant la torsade des troncs noirâtres dont les fibres se vrillent et rappellent les vis de pressoirs, dont les feuilles se parent en automne de couleurs feu.
PAR JEAN-FRANCOIS ROBERT
Peut-être du reste est-ce à cela que le poirier doit son nom de “pyrus“, terme grec qui se traduit par “feu“ et qu’on retrouve dans pyromane, par exemple !
Le poirier sauvage est un petit arbre aux rameaux épineux, on devrait dire était, car il a quasiment disparu. C’est en effet une espèce en voie d’extinction. Essence de lumière, elle a de larges possibilités d’implantation, mais se confine généralement dans les stations pauvres et séchardes, rocailleuses, où la concurrence des autres essences est faible, voire inexistante. Il atteint 20 mètres de haut, a des feuilles arrondies et portées sur un long pétiole; il s’associe volontiers aux chênaies buissonnantes, aux pinèdes marneuses ou aux zones alluviales. Sa raréfaction tient aussi au fait qu’il s’hybride facilement avec les espèces cultivées, certes, mais est due principalement aux efforts entrepris dès le XXe siècle pour reconstituer une forêt que les exploitations abusives avaient rendues exsangue. De fait, on trouve mention de cette essence au Jura, dans les plans d’aménagement forestiers, où l’inspecteur se plaint de ce que ses plantations d’épicéas sont massacrées par les populations autochtones allant récolter les poires sauvages !
Quant au poirier commun, cultivé en vergers pour ses fruits, il atteint une quinzaine de mètres de haut. Son écorce est gris sombre, crevassée. Ses bourgeons sont anguleux. La floraison est pour les mois d’avril à mai. Fleurs blanches en corymbes. Ses feuilles sont vert foncé, luisantes, coriaces, finement dentées, à pétioles aussi long que le limbe lui-même.
Le bois était utilisé en ébénisterie, en marqueterie, par les sculpteurs et les luthiers. On en faisait même des touches de piano. Il est susceptible de prendre un beau poli. De plus, c’est un excellent bois de chauffage. Comme il donnait une braise chaude et tranquille, on l’utilisait dans les chaufferettes tant pour les pieds que pour les “moines“ qu’on glissait dans les lits pour les réchauffer.
Article publié en collaboration avec l’ Arboretum national du vallon de l’Aubonne.