L’arbre que l’on ne pouvait abattre sans en replanter deux


Le noyer royal ou noyer commun fut introduit de Perse en Grèce dès l’Antiquité, puis, de là, en Italie par les Romains.





PAR JEAN-FRANCOIS ROBERT

C’est une essence noble par la qualité exceptionnelle de son bois, mais qui sait se faire “tout à tous“ par les vertus multiples de ses fruits et de son feuillage.

C’est un arbre à la couronne généreuse, haut de 20 à 25 mètres, ayant une écorce grise blanchâtre mate, des feuilles caduques alternes, pennées de 5 à 7 folioles. Il affectionne les terres riches de jardin ou terres brunes assez calcaires, mais ne dépasse pas 800 mètres d’altitude car, s’il est rustique, il n’en craint pas moins les gels tardifs. En avril – mai, apparaissent des chatons verts allongés, sortes de chenilles  pendantes, qui sont les fleurs mâles. Les fleurs femelles, en revanche, passent inaperçues!

Son feuillage dégage une odeur âcre, donne beaucoup d’ombres, mais une ombre froide, peu propice à la “reposée“; les imprudents en effet risquent fort le mal de tête! Ses feuilles sont impropres à la fabrication du compost car elles sont toxiques pour les autres plantes. Elles ont néanmoins une vertu qui est d’éloigner insectes, fourmis mouches et punaises. En outre, on les utilise parfois, mêlées à des fruits récoltés avant pleine maturité pour fabriquer une sorte de vin de noix.

Les fruits sont mûrs en septembre-octobre. Les cerneaux sont une amande aux circonvolutions qui rappellent de petits cerveaux enfermés dans une coquille protectrice. Riches en matières nutritives, ces fruits pressés  donnent une excellente huile alimentaire. La bogue verte qui entoure la noix sert à préparer la teinture brune de brou de noix de même que de l’encre. Quant aux coquilles, elles furent utilisées parfois comme combustible.

Quant au bois, mi-lourd et mi-dur, il est assez homogène, avec un cœur d’un beau brun. C’est un bois sensible aux variations d’humidité de l’air et reste de ce fait un bois d’intérieur. Il est très apprécié des ébénistes et des sculpteurs. Les premiers l’utilisent aussi en déroulage pour les placages, ce qui économise un bois qui avait tendance à devenir  plus rare, surtout après les printemps à gels tardifs qui ont décimé périodiquement les vergers et les allées. Le noyer était le meilleur bois pour la fabrication des crosses de fusils, raison pour laquelle, au siècle passé, on ne pouvait abattre un noyer sans en replanter deux! En ébénisterie, la ronce de noyer, soit la zone des racines où les fibres du bois s’entremêlent, était très recherchée pour des panneaux décoratifs souvent utilisés en miroir pour les deux portes d’une armoire.

Article publié en collaboration avec l’ Arboretum national du vallon de l’Aubonne

 

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