Laurence Deonna présente son film “Voix de reportages”











Ecrivaine et reporter au long cours, elle a sillonné toutes les routes sablonneuses de la planète. Mardi soir 21 janvier 2014 dans la salle communale de Confignon, près de Genève, Laurence Deonna (sur le document DR, datant de 1977, elle fume le narguilé dans un harem yéménite) présentait son film «Voix de reportages», un témoignage des  pérégrinations de celle qui aime se définir comme féministe et pacifiste, mais aussi un cri existentiel mis en scène sous forme de textes tirés de ses ouvrages, lus et déclamés par trois comédiens, Anne Vaucher, Aline Gampert et Vincent Babel, au Théâtre le Crève-Cœur de Cologny.

Organisée par la mairie de Confignon, la soirée permettait aussi de découvrir une série de photographies saisissantes réalisées sur le terrain par la grande voyageuse, dévorée par le journalisme dès l’âge de 30 ans, en 1967. Cette année-là, pour reprendre les termes de l’encyclopédie en ligne wikipédia, la voit «catapultée» dans la guerre des Six jours, entre Israël et les pays arabes. Dès lors elle ne cessera plus sa quête de vérité. Car Laurence Deonna est aussi une femme de cœur au vrai sens du terme. Le courage est chez elle une constante qui se manifeste dans ses engagements en faveur des victimes de la guerre.

Après la diffusion du film, Laurence Deonna est revenue sur son métier, une profession de «diplodocus», dit-elle, tant il est vrai que le reportage traditionnel semble avoir vécu. Les médias n’ont plus le temps, ni l’argent, pour entretenir cette forme d’information qui connut son heure de gloire dans les années trente avec des grands reporters comme Albert Londres. La poésie disparaît. Et Laurence Deonna de citer cette anecdote révélatrice de l’ «holocauste culturel» auquel n’échappent plus les régions les plus reculées du globe. Au Yemen, où aurait vécu Rimbaud, des foules affluèrent un jour au lieu où l’on devait célébrer le poète français. Les observateurs observèrent avec respect cette transhumance avant de déchanter. Rimbaud se prononçant Rambo en yéménite, l’afflux de personnes était dû à un malentendu.

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Un commentaire à “Laurence Deonna présente son film “Voix de reportages””

  1. linceul 26 janvier 2014 at 13:14 #

    Je ne sais pas exactement ce que signifie “reportage traditionnel” qui serait en opposition avec “modernité”, comme si c’était mieux avant. C’est une question de mythe et de place du reporter-voyageur dans une économie de concurrence où de plus en plus de gens ont accès aux sources d’informations régionales et où les gens voyagent de plus en plus, sont eux-mêmes équipés de la technologie pour collecter leur propre vision, où chacun est son propre reporter. Le reporter, très souvent individualiste dans sa démarche, peut-il reprocher à l’économie d’engendrer une compétition, une concurrence qui tend à individualiser ? Chacun fait son petit reportage dans son coin, cherche à obtenir le financement pour lui-même, aux dépends des autres, du coup oui, les ressources diminuent et modifient la manière de représenter le monde. Il ne faut pas non plus tomber dans le mythe idéalisé du reporter-aventurier, plus personne n’y croit. Quant à l’argent, il dépend du réseau de diffusion et donc du système dans lequel le reporter se soumet, je pense qu’il y a des possibilités de faire autrement, en gardant la qualité, le temps avec moins de ressources financières, parce que l’argent de toute manière vous assujettit au donateur, et soit il faut créer une caisse d’entraide commune en s’entraidant, soit démocratiser son financement, et reprendre le pouvoir sur la distribution et la diffusion de son travail. L’indépendance est une philosophie de vie qui contient sa dose de précarité mais qui redonne une place au reporter, ça passe par une autre manière de vivre avec les autres.

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