Un nouveau danger pour la paix mondiale viendrait-il de Bulgarie?
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Le pays riverain de la mer Noire joue dans l’ombre une partie d’échecs dont l’issue pourrait déterminer l’avenir des relations internationales. En jeu, pour changer, le gaz russe.
En décembre 2012, Moscou a débuté à toute vapeur la construction du gazoduc South Stream qui plongera dès l’an prochain dans la mer Noire avant de traverser la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie. Il est prévu également qu’une branche rejoigne l’Italie. South Stream contournera l’Ukraine, passage à ce jour obligé pour le gaz russe dont l’Europe dépend fortement.
Tout semblait aller sur des roulettes jusqu’en mai dernier quand Bruxelles a soudain menacé Sofia de mesures de rétorsion dans le contexte des sanctions contre Moscou. En juin, trois députés américains dont le faucon McCain en remettaient une couche. Ils rencontraient le premier ministre bulgare Oresharski qui faisait alors machine arrière, annonçant l’interruption de la construction du gazoduc et provoquant une vague de froid, ou d’effroi, au Kremlin.
Le gaz étant la principale source de devises de la Russie, on peut compter sur Moscou pour ne pas lâcher le morceau. Plusieurs pays de l’Union européenne ont manifesté leur soutien à South Stream. C’est le cas de la Hongrie, de l’Italie et, tout récemment, de l’Autriche. Vienne a pourtant longtemps flirté avec le projet Nabucco, un gazoduc européen concurrent, désormais en friche.
Le prochain pas, qui serait le plus décisif, Moscou l’attend de Sofia où le peu populaire Oresharski a démissionné, faisant dépendre la poursuite de son mandat du résultat d’élections en Bulgarie en octobre prochain. Gageons que la bataille politique, dans ce pays autrefois satellite de Moscou, sera rude.
Chronique parue dans GHI du 20 août 2014.