La main de Washington est de plus en plus visible dans le conflit gazier qui oppose Bruxelles à Moscou.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
L’an dernier, la Russie a commencé la construction du gazoduc South Stream qui contourne la poudrière ukrainienne. Parallèlement, elle s’est lancée dans une partie de dominos pour gagner à sa cause plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE), subissant en revers en Bulgarie après la visite de deux faucons américains (GHI du 21.08.14) mais obtenant un succès en Hongrie. Artisane d’un projet de gazoduc concurrent, Nabucco, l’UE s’en est offusquée mais beaucoup moins que les Etats-Unis. Relativement discrets jusque-là, ceux-ci affichent désormais plus ouvertement leur hostilité à South Stream.
La mauvaise humeur américaine s’est manifestée en deux temps. Des fonctionnaires hongrois ont d’abord été déclarés personae non gratae sur le territoire américain. Puis Budapest a été désignée satellite de Moscou, suprême injure pour un Etat dont l’histoire est une succession de luttes d’indépendance, notamment contre la Russie. Les menaces et représailles n’ont servi qu’à conforter le gouvernement hongrois dans sa décision de soutenir South Stream. Budapest invoque sa bonne foi. La Hongrie avait misé sur Nabucco qui aurait dû apporter l’or gris d’Azerbaïdjan en transitant par la Turquie. Mais Nabucco s’est cassé la figure et l’approvisionnement de la Hongrie, comme celui d’autres pays d’Europe centrale, se voit désormais menacé. Les travaux sur sol hongrois débuteront l’an prochain.
Moscou pavoise mais n’a pas encore totalement gagné la partie pour autant. Car la Serbie, sa meilleure alliée dans la région, n’aimerait pas investir pour des prunes dans South Stream et voudrait être sûre du revirement de Sofia après les élections législatives d’octobre en Bulgarie, qui ont amené une gouvernance plus favorable à Moscou.
Chronique parue dans GHI.
Article pertinent sur le sujet, https://www.voltairenet.org/article186045.html