La chronique de Marc Schindler – Politiciens français, des retraites en or


«La retraite, connais pas, c’est pour les généraux vaincus. Mozart n’a jamais pris sa retraite ». Nicolas Hayek, le patron du géant horloger suisse Swatch, a appliqué sa maxime, il est mort à son bureau à 82 ans. En France, la retraite du président de la République alimente une nouvelle rumeur aux allures de scandale.

PAR MARC SCHINDLER, Alès (France)

Dans un pays où les retraités touchent en moyenne 1200 euros par mois, François Hollande toucherait une retraite de 36000 euros par mois. C’est l’hebdomadaire “Marianne” qui l’affirme, après avoir consulté des experts. Il profiterait d’un système généreux, qui lui permettrait de cumuler une cascade d’avantages pour chacune des fonctions qu’il a exercées: maire, conseiller général, député, haut fonctionnaire, président de la République, membre à vie du Conseil constitutionnel.

Tout faux, dément l’Elysée. Le président ne cotise plus depuis deux ans à la caisse de retraite de la Cour des comptes, où il n’a passé que trois ans. 5000 euros envolés! Surtout, il renoncera à siéger au Conseil constitutionnel avec les anciens présidents de la République. 12 000 euros de moins par mois! Hollande n’a pas réussi à modifier la Constitution faute de majorité, mais «il s’appliquera cette règle à lui-même», selon le chargé de communication du président. Qui précise même qu’en entrant à l’Elysée, Hollande a baissé sa rémunération de 30% à 12 696 euros nets par mois. Bon d’accord, mais le président ne sera pas dans la misère avec une retraite d’environ 20 000 euros par mois, sans compter son bureau, sa sécurité et d’autres avantages en nature, qui coûtent à l’Etat un million d’euros par an. Jacques Chirac a plus de chance: sa retraite est de 31 000 euros par mois. Barack Obama devra se contenter de 13 800 euros, le président allemand d’environ 14 000 euros.

Le scandale bien français, ce n’est pas le montant de la retraite du président. C’est un système fiscal très généreux pour les hommes politiques. Comme le rappelait “L’Expansion”: «Devinette: qui, en France, peut obtenir sa retraite à 55 ans, même s’il n’a cotisé que quinze ans, et percevoir 4 778,66 euros brut par mois? Un député. Autre devinette: qui, après avoir quitté son poste, touche son traitement pendant six mois, à condition de ne pas avoir retrouvé un emploi? Un ministre de la République. Troisième devinette: qui, au terme de son mandat, a droit, à vie, à un garde du corps, une voiture, un bureau pour son secrétariat et 6 000 euros par mois brut? Le président de la République».

Selon “L’Expansion”: «La retraite des députés et des sénateurs offre de réels avantages. Il leur suffit de cotiser 30 ans (contre 41,5 ans dans le régime général) pour toucher une retraite à taux plein. Sans même avoir atteint cette durée de cotisation, liquider sa pension est plus qu’intéressant. Dès le premier mandat (cinq ans à l’Assemblée et six au Sénat), la retraite atteint respectivement 1200 euros et 1900 euros. Avec le jeu des réélections, la moyenne des pensions s’élève à 2700 euros net par mois au Palais-Bourbon et à 4380 euros au palais du Luxembourg. Et ces sommes sont cumulables avec les retraites perçues au titre d’autres fonctions électives». Quel bonheur d’être député! Le scandale, c’est que, «en 2012, les cotisations des députés (7,5 millions d’euros) n’ont couvert que 11 % des besoins. L’essentiel du solde vient de l’Etat (42 millions d’euros)». Selon “L’Observateur”, il existe à Paris, deux paradis fiscaux: le Palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale, et le Palais du Luxembourg, siège du Sénat.

Oui, mais pleurent en choeur députés et sénateurs, la politique, c’est risqué, on risque d’être battu aux élections. Sauf que, en France, on entre jeune en politique au conseil municipal, puis à la mairie. Avec de bons appuis, on devient conseiller général, député, parfois sénateur et qui sait ministre. Si on perd son portefeuille, on retrouve son siège. Bref, toute une vie au service de la nation, avec un salaire confortable et des avantages matériels. Sans compter la considération de sa famille et de ses amis. Et, en fin de carrière, une retraite très confortable souvent complétée par des mandats juteux. 80% des élus cumulent des mandats publics de député, maire, président d’institutions, sans parler des mandats privés. A lire les déclarations de patrimoine des politiciens, la politique n’enrichit pas son homme, mais elle aide à supporter les difficultés de la vie!

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Un commentaire à “La chronique de Marc Schindler – Politiciens français, des retraites en or”

  1. Bernard Walter 8 décembre 2014 at 11:26 #

    En trois mots: Fèodalisme pas mort.
    A 35 ans, Mozart avait encore de beaux jours de gloire et de misère devant lui.
    Quant à Hayek, que pouvait-il faire de mieux que de mourir à son bureau, le pauvre ?
    En ce qui concerne Walter, ce qui le choque profondément, ce sont les inégalités planétaires croissantes générées par un système d’argent aussi malsain qu’absurde.

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