Le 27 février, la BNS a publié une partie de ses données comptables valables à fin janvier 2015, soit 15 jours après le désarrimage de l’euro. Le total du bilan est passé en un mois de 561 milliards à 558 milliards.
PAR LILIANE HELD-KHAWAM
Or, on relève sur ce bilan une diminution de 2 milliards des billets en circulation et une baisse de 1 milliard des engagements de la BNS vis-à-vis de la Confédération. Rien qu’avec ces 2 montants, nous avons l’explication du recul de 3 milliards entre fin 2014 et fin janvier 2015.
Pour le reste le bilan a continué à se dégrader. En effet, les dettes que la BNS continue de se constituer auprès de tiers inconnus ont littéralement explosé. Les comptes de virement des banques en Suisse sont brutalement passés de 328 milliards à 384 milliards. Les Comptes de virement de banques et d‘institutions étrangères sont passés de 17 à 19 milliards de francs. Ce sont donc de près d’une soixantaine de milliards de créances supplémentaires que le passif a crû.
La BNS a augmenté ses passifs pour financer la baisse de ses actifs. Elle comptabilise l’euro à 1.09 comme moyenne sur le mois de janvier. Cela explique qu’il lui reste encore un petit 6% de fonds propres.
Quant à sa dépendance à l’euro, 46.3% de ses devises étaient détenus en euros à fin décembre 2014, soit 236 milliards de francs suisses.
On peut dire que ces banquiers centraux qui ont vu leurs comptes de virements littéralement exploser sont les grands gagnants du désarrimage, tout comme la zone euro qui a un mécène inespéré.
Ce comportement étrange qui met la BNS en porte-à faux avec sa mission devrait nous interpeller. On a le sentiment que la connexion entre la BNS et la zone euro est une sorte de boîte noire méconnue du citoyen, voire des élus.
Il est bien sûr impossible d’appréhender l’ensemble de la situation mais rien ne nous empêche d’essayer.