A l’issue d’un travail de bénédictin, Jacques Secretan publie un deuxième ouvrage sur l’affaire qui a mené, en 2014, à la condamnation à 14 ans de prison de Laurent Ségalat, accusé du meurtre de sa belle-mère. Sur la base d’une enquête minutieuse, le journaliste lausannois aboutit à la conclusion que les experts officiels mandatés par l’accusation «n’ont pas été à la hauteur, alors que les experts dits ‘de la défense’ ont démontré que selon toute vraisemblance, c’est un accident qui a causé la mort de Catherine Ségalat», le 9 janvier 2010 dans la maison de cette dernière à Vaux-sur-Morges.
Mieux, ou pire, c’est «pour une faute de traduction, qui a fait dire à l’un de ces experts ‘de la défense’ le contraire de ce qu’il a toujours dit, que le Tribunal fédéral a écarté son expertise comme non pertinente. (…) Une erreur judiciaire peut toujours être réparée sur la base d’un fait nouveau comme celui-ci», relève l’auteur.
Lequel est pris à partie dans la presse par l’avocat de la famille de Catherine Ségalat, qui l’accuse en susbtance de complaisance vis-à-vis de Laurent Ségalat, dont Secretan serait «un fervent partisan et militant de la première heure». L’avocat omet de signaler que le journaliste est probablement la seule personne, en dehors du greffier du tribunal, à avoir retranscrit l’entier du déroulement des débats. Lors de la conférence de presse qu’il a tenue le 18 juin 2015 à Lausanne pour présenter son livre, Jacques Secretan a précisé en outre qu’au début de l’affaire sa conviction quant à la culpabilité ou l’innocence de Laurent Ségalat n’était pas établie.
« Une condamnation bâtie sur du sable – L’affaire Ségalat », par Jacques Secretan, Editions Mon Village, 2015.
«Le procès Ségalat – Un acquittement contesté», par Jacques Secretan, Editions Mon Village, 2012.
Merci M. Campiche pour cet article. Il est bien clair que Jacques Secretan, par son livre, dérange l’ordre établi. Je conseille vivement à tous les citoyens qui s’intéressent au fonctionnement de la justice vaudoise de lire ce livre pour comprendre comment la justice traite les faits. Cela lui permet de passer d’une présomption d’innocence à une présomption de culpabilité, puis de condamner une personne sans preuves sérieuses. M. Ségalat, dans son malheur, a de la chance d’être français. S’il avait été suisse, il serait emprisonné pour 14 années. Mais quand donc la justice vaudoise va-t-elle évoluer ? Quand donc des contrôles seront-ils possibles ? Le rapport de M. Dick Marty, publié au printemps 2015, explique les lacunes du système judiciaire vaudois. Il serait temps d’y remédier. C’est urgent.