Centre historique de Florence menacé par la spéculation, lettre à l’Unesco


Convaincu que le centre historique va pâtir de projets immobiliers, un groupe de Florentins a écrit à l’Unesco.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

«Nous les soussignés demandons que le centre historique de Florence, patrimoine de l’humanité, soit placé urgemment parmi les sites en danger immédiat». Ainsi débute la lettre que 16 citoyens florentins ont adressée le 10 mars 2015 au Centre du patrimoine mondial de l’Unesco à Paris et à sa directrice Petya Totcharova.

Ces habitants portent des noms attestant d’un attachement séculaire aux murs de la cité toscane. Leurs demeures sont autant de palais chargés d’histoire. Logés au cœur historique de Florence, les signataires ont pu croire longtemps à la pérennité d’un patrimoine inestimable, respecté comme tel par des générations d’édiles. Et pourtant aujourd’hui ils doivent déchanter.

Ils craignent que des édifices historiques succombent face aux marteaux piqueurs des promoteurs immobiliers qui ont mis la main sur des quartiers entiers de maisons anciennes. Celles-ci ne sont pas détruites, par contre leur affectation change en vertu d’une stratégie spéculatrice encouragée par l’administration communale. L’intérieur est complètement refait selon des critères peu compatibles avec le goût des architectes de la Renaissance. Des parkings sont creusés. Il est aussi question de construire un métro à grande vitesse susceptible de «mettre en danger l’intégrité de l’héritage artistique du centre de la ville, non compatible avec les normes environnementales européennes et déjà obsolète avant même sa mise en service».

Parmi les monuments historiques menacés figure l’ancien monastère de Sainte-Marie-des-Anges qui comprend notamment la Rotonde de Brunelleschi. Joyau architectural du Moyen Âge, la cathédrale Santa Maria del Fiore elle-même n’est pas épargnée. Ses fondations risquent de subir l’effet de travaux d’excavation et de creusement des tunnels, redoutent les signataires. Après avoir eu accès aux plans des projets, ils jugent que «l’impact sur la Forteresse de Basso, pour prendre une autre construction médiévale, est d’emblée palpable: le monument sera altéré de manière irréversible».

Un nouveau danger relevé par le collectif de plaignants est d’ordre hydraulique. Il dérive du torrent Mugnone, un affluent de l’Arno, dont les débordements possibles, dus aux travaux, pourraient mettre à mal l’église orthodoxe russe datant du 19e siècle.

La Méduse a demandé à l’Unesco de se prononcer sur le document que lui a adressé le collectif de citoyens florentins. En date du 13 mai 2015, notre journal a obtenu cette réponse de la responsable des dossiers européens au Centre du patrimoine mondial, Petya Totcharova: «Je vous prie de noter que l’Unesco a reçu récemment des communications provenant de la société civile au sujet du Centre historique de Florence, site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 1982. En conformité avec les règles en vigueur, notamment le Paragraphe 174 des Orientations concernant la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, le Centre du patrimoine mondial a communiqué les informations reçues aux autorités italiennes pour vérification et commentaires.»

Relancé par nos soins le 25 juin dernier, le Centre du patrimoine mondial n’a pas précisé s’il avait reçu entretemps la réponse italienne.

 

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