Zone euro, le prix de l’indélicatesse


Grexit ou pas, l’Europe paiera longtemps le prix de l’indélicatesse.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Celle qui avait prévalu lors des pourparlers visant à inclure la Grèce dans la zone euro. Ce qui est encore refusé aujourd’hui à la plupart des Etats ex-communistes, Athènes l’avait obtenu par magie de la part de Bruxelles.

On était en 2001: Schroeder en Allemagne, Jospin en France, Amato en Italie, Simitis en Grèce, Guterres au Portugal assurent la domination du clan rose au sein de la gouvernance politique européenne. La Grèce ne répond pas aux critères dits de Maastricht, un code de bonne conduite économique exigeant la maîtrise de l’inflation et du déficit public ou bien la stabilité des taux de change? Qu’à cela ne tienne, M. le Ministre, nous pouvons vous sortir un joker de marque de notre chapeau, Goldman Sachs, oui, l’Agence, la Banque! Autant dire la caution de Washington, excusez du peu.

Gros importateur d’armements, la Grèce bénéficia de lignes de crédit encourageantes. Celles-ci s’avèreront dévastatrices en pesant toujours plus lourdement sur la dette du pays. Pour toute réplique, on maquilla les statistiques de la patrie du Parthénon. Le scandale éclatera au grand jour quelques années plus tard, la presse internationale étalera des révélations embarrassantes pour Goldman Sachs. Las, on ne touche pas à l’antre du capitalisme. La fuite en avant s’organisera, au contraire: les milliards s’ajouteront aux milliards sans espoir de remboursement. Citron-dindon, le peuple grec mandatera son Che Guevara en ultime recours, il le chargera de résister au chantage du régime d’anorexie imposé par le FMI et sa complice, la Banque centrale européenne.

Adieu, veau, vache, cochon, euro. Sainte drachme, sainte lire, sainte peseta, saint escudo, saint franc, priez pour nous!

Chronique parue dans GHI du 1er juillet 2015.

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3 commmentaires à “Zone euro, le prix de l’indélicatesse”

  1. Schindler 2 juillet 2015 at 17:08 #

    Giscard avait dit en 1975 : « On ne ferme pas la porte à Platon » en soutenant
    l’adhésion de la Grèce à la CEE contre l’avis du premier ministre grec. Il aurait pu ajouter : et on ouvre toute grand le tonneau des Danaïdes – les écluses des subventions européennes. Le même Giscard qui proclame en 2015 que la Grèce doit sortir de l’Europe !

  2. Aldo Schorno 3 juillet 2015 at 06:43 #

    A la volonté politique d’inclusion de 2001 d’accueillir la Grèce dans la zone euro au mépris de la raison économique correspond la volonté politique d’exclusion actuelle. Elle cherche à mettre à genoux ou hors de la zone tout pays qui refuse de se soumettre au “diktat” de la pensé unique néolibérale et du marché. Le choix proposé à la Grèce si elle persiste dans son refus de ce diktat: Ou vous quitter l’euro ou c’est l’euro qui vous quitte…

  3. Pierre-Henri Heizmann 4 juillet 2015 at 09:00 #

    Qu’il est bon d’administrer quelques rappels historiques, l’amnésie étant une affection fort à la mode…

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