Le monde d’aujourd’hui et l’information, une histoire de canards en plastique


On veut dire quoi sur le monde d’aujourd’hui, si ce n’est qu’il est gouverné par le mensonge, la brutalité et la vénalité de ceux qui tirent les ficelles des pouvoirs politico-militaro-financiers?

PAR BERNARD WALTER

Même si cela ne se dit pas, et s’écrit encore moins, ou peut dire qu’aujourd’hui, chez nous, tout le monde le sait s’il veut bien le savoir.

Les outils de ce système? Pour le mensonge, ce sont les médias. Pour la brutalité, les armes. Pour la vénalité, le système d’argent basé sur les marchés et la doctrine du profit; et sur l’organisation financière, ses spéculations et ses virtualités.

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L’histoire du monde contemporain se résume assez simplement. Ce que nous vivons, et ce d’une manière toujours plus aigüe depuis une vingtaine d’années, c’est une guerre mondiale des riches contre les pauvres. Une guerre sans pitié, qui se rapproche petit à petit de nos frontières. Elle est à nos portes, en Grèce.

L’information «grand public», celle que nous distillent la presse à fort tirage et les journaux télévisés, c’est une information faite de leurres. Les chasseurs qui tirent les canards attirent ces derniers à l’aide de canards en plastique. Ils font croire à du vrai, et à l’aide du faux, ils parviennent à leurs fins sans trop se fatiguer. Il en va de même pour l’ «info», outil de manipulation indispensable, qui nous sert des canards en plastique comme menu quotidien principal.

Les trois grands sujets de ces derniers temps sont: le «nucléaire iranien», la Grèce, les «migrants». (A cela s’ajoute depuis peu, il est vrai, la question du réchauffement climatique, qui commence à être prise en compte. Mais nous laisserons ce chapitre de côté pour l’instant. )

Ce qu’on nous sert comme information concernant ces trois grands sujets? Des canards en plastique.

Sur le «nucléaire iranien» : on nous fait croire à une menace iranienne sur la sécurité mondiale. On nous rapporte les discours de Netanyahu (Bibi pour les intimes, dont on voudrait nous faire faire partie), lui qui parle du «compte à rebours pour un cauchemar nucléaire» que va déclencher l’Iran. Sans nous dire les centaines de bombes nucléaires qu’Israël s’est fabriquées dans la clandestinité depuis des dizaines d’années. Sans nous dire la menace que fait planer l’Etat israélien sur toute la région et sur le monde. Sans nous dire la menace que constituent ces armes, où qu’elles se trouvent. Le problème, ce n’est ni l’Iran, ni les négociations autour de la question. La seule question pertinente, c’est celle du désarmement mondial, de la destruction totale de ces armes.

Sur la Grèce, le canard en plastique, c’est de nous faire croire qu’il s’agit d’un problème spécifiquement grec. Nous savons bien qu’il s’agit d’un problème structurel, lié au système anarchique et délirant des spéculations financières en tous genres, de la corruption, des montages financiers, des rapports de force complètement déséquilibrés entre les différentes parties du monde. C’est là qu’il faut attaquer le problème, et c’est ce que les médias ne font évidemment pas.

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Sur la question des «migrants», comme on appelle toutes ces populations poussées au départ de chez elles, il faut relever pour commencer la modernité de ce terme, lequel, par exemple, n’existe pas dans le Larousse de 1962. Avant, on avait les réfugiés. Il semble que cette catégorie d’humains a disparu. Les réfugiés, victimes de situations qui les forcent à s’expatrier, ont fait place aux «migrants», qui eux choisissent de partir. C’est du moins ce que le terme suggère et qu’on voudrait bien nous faire croire. Ceci dit, il faut noter que dans le terme «migrant», on n’a plus d’idée de direction. On n’émigre plus, on n’immigre plus, on migre, n’importe où au Nord, n’importe comment au Nord, dans n’importe quelle direction au Nord, en avant, en arrière, le migrant part, se noie, revient. Tout ça. Mais le traitement que nous réservent à ce sujet les médias à grande audience, cela s’apparenterait plus à des éléphants en plastique qu’à des canards. Car il est bien évident que le phénomène, qui a atteint une telle ampleur, ne peut se résumer à une question de bateaux sur la Méditerranée ou ailleurs, de méchants passeurs, de vrais ou de faux migrants, de «problème des étrangers». Tout ça, c’est du très court terme. Il est évident que ce phénomène qui devient gigantesque pose toute la question de l’organisation politique et financière de la planète, la question du système d’emprise totale de la machinerie capitaliste et financière sur les populations et les Etats dans le monde.

«Celui qui écrit, dit Bertolt Brecht, ne doit pas courber l’échine devant les puissants, et il ne doit pas tromper les faibles. Bien sûr, c’est très difficile de ne pas se courber devant les puissants, et c’est très avantageux de tromper les faibles.»

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