Pôle muséal, les promoteurs n’attendent pas la décision du TF pour tenter de “récupérer” les opposants


L’ancienne halle aux locomotives de la gare de Lausanne ne sera-t-elle bientôt plus qu’un tas de gravats? Des citoyens lausannois qui s’opposent à la construction d’un musée de 22 mètres de hauteur sur le site de cette construction historique classée au patrimoine ne l’espèrent pas et se battent bec et ongles pour l’éviter. Ils ont déposé un recours au Tribunal fédéral et pour l’heure nul ne sait quand l’instance supérieure communiquera son verdict. Tant que la décision n’est pas tombée, les riverains gardent espoir que leurs arguments motivés seront finalement entendus..

Les promoteurs du Pôle muséal, eux, semblent déjà bien sûr du résultat. Sans attendre le verdict de Mon-Repos, ils ont annoncé le vernissage du concours d’architecture pour la deuxième phase du projet. En effet, après la construction du nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts est prévu, dans le même périmètre, la construction d’un nouveau Musée de la Photographie et d’un nouveau Musée des arts décoratifs. Adieu l’Elysée et ses jardins, adieu le Mudac au coeur de la Cité.

La date de l’apéro a été fixée au 5 octobre prochain. Mieux encore, les voisins du futur chantier ont été invités le 26 octobre au siège de la Haute école pédagogique pour découvrir le calendrier des travaux et savoir à quelle sauce sonore et autres ingrédients indigestes ce chantier mammouth les mangera. Comble d’égards, les autorités leur rappellent “qu’ils vont être directement concernés par les prochaines transformations qui aboutiront à la création d’un nouveau quartier au coeur de la Ville”. En bref: toutes les nuisances et zéro concertation… La chance qu’ils ont!

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5 commmentaires à “Pôle muséal, les promoteurs n’attendent pas la décision du TF pour tenter de “récupérer” les opposants”

  1. Magnin Eric 25 septembre 2015 at 15:37 #

    Lettre ouverte du mdl à Monsieur le Conseiller d’Etat P. Broulis
    en 2014
    Monsieur le Conseiller d’Etat Au début de l’été, vous avez publiquement déploré les embûches qui jalonnent les grands projets d’investissement du Canton de Vaud; vous avez ouvertement rejeté la faute sur des opposants très habilement conseillés par des avocats. Indirectement, à mots à peine couverts, vous avez aussi mis en cause les principes démocratiques fondamentaux qui régissent le droit de la construction.
    L’Ordre des avocats vaudois a promptement réagi par lettre à vos propos outranciers et a exprimé sa profonde indignation face à ce discours inacceptable de la part d’un Haut Magistrat. En réponse à cette lettre, sans faire d’aucune manière amende honorable, et à nouveau par le biais de la presse, vous surenchérissez dans votre obstination. Vous attendez impatiemment, dites-vous, des propositions qui permettent d’écarter les lenteurs démocratiques.
    Puisque vous affectez une forte attente de solutions, nous, Mouvement pour la Défense de Lausanne, forts d’une longue expérience démocratique dans le domaine des grands et petits projets, nous nous permettons de vous donner notre propre sentiment sur la question.
    Tout d’abord, contrairement aux régimes despotiques ou totalitaires, la démocratie est un régime politique lent, qui demande de la patience. La hâte est mauvaise conseillère en démocratie. Le dialogue, la concertation et le consensus sont seuls à même de réussir. La démocratie est une organisation politique dans laquelle la souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens. Devons-nous rappeler que les Conseillers d’Etat ne sont «que» des magistrats élus par le souverain avec une délégation de compétence relatif à un pouvoir exécutif. Il n’y a pas de fait du prince.
    Dans la pratique, plusieurs dossiers nous donnent à penser que vous considérez vos administrés incapables de comprendre les enjeux des projets que vous portez. Et pourtant… considérons quelques exemples.
    Avant de construire l’usine d’incinération TRIDEL, nous vous avions rencontré pour plaider une réduction de sa capacité de traitement, en prévision de l’inéluctable introduction de la taxe au sac.Vous n’avez rien voulu entendre. Mais aujourd’hui nous avons une surcapacité de près 50%. Quel gâchis.
    De nombreuses années avant le lancement du référendum contre le musée au bord du lac, nous avions déjà très clairement émis notre profond désaccord quant au choix de ce site. Vous n’avez pas été à l’écoute, et il a fallu mobiliser l’entier du peuple vaudois pour vous dire combien cette solution était contraire au bon sens.
    Pour la deuxième version de ce même musée, nous avons joué le jeu de la concertation par le biais du groupe d’évaluation des sites dans lequel nous étions représentés. Avant la publication même des recommandations de ce groupe, vous avez pris la décision de choisir le site de la gare de Lausanne. Choix qui n’était pas retenu en priorité par la commission. Après cette première erreur stratégique et de rupture de confiance, vous proposez de conserver le dépôt de locomotives pour loger ce musée, proposition largement soutenue. Et pourtant, peu de temps après, vous autorisez expressément la démolition de cet ouvrage patrimonial, au surplus classé à l’inventaire des monuments historiques. Comment vous étonnez-vous dès lors que des citoyens contestent en toute légitimité ces fourvoiements.
    Et quand les citoyens demandent à être par vous entendus, vous les écoutez avec une morgue telle que le fossé de défiances que vous avez délibérément creusé s’approfondit encore.
    Voulons-nous encore prendre l’exemple du toit du futur Parlement. Là aussi, en toute simplicité et authenticité, nous avons demandé de façon réitérée de renoncer à ce toit biscornu. La sourde oreille a là encore prévalu; seules les signatures de plus de 16’000 Vaudois ont permis d’ébranler modestement votre attitude suffisante. Mais en soustrayant au vote ce référendum largement abouti, vous avez bafoué non seulement la bonne foi de vos administrés, mais épuisé encore votre capital de confiance déjà bien écorné.
    Comme l’Ordre des avocats, nous sommes aussi convaincus que les règles de fonctionnement démocratiques ne peuvent être à la carte et valent pour tous les justiciables, y compris si ce n’est plus encore, lorsque ce justiciable est l’Etat. Nos institutions n’ont pas besoin de nouvelles dispositions pour bafouer plus encore la volonté souveraine du citoyen. L’urgence réside à l’évidence dans le développement d’une culture de l’écoute respectueuse, la prise en considération prévenante des appréciations critiques, la consultation et la concertation.

  2. M.-F. Rochat 25 septembre 2015 at 23:02 #

    Merci, Messieurs, de cette magnifique leçon de démocratie. De Lausanne à Château-d’Oex, j’ai parfois l’impression que nos bons vaudois ont oublié ce que c’était ou peut-être n’ont ils même jamais su. J’aime beaucoup votre esprit de dérision et peut-être est-ce la meilleure manière de lutter contre ces gens là. Depuis longtemps, c’est mon arme favorite.

    Marie-Françoise Rochat
    Association des Amis de Château-d’Oex et du Pays d’Enhaut

  3. Magnin Eric 27 septembre 2015 at 22:39 #

    Le texte ci-dessous confirme que “nos” élus, en particulier dans l’affaire qui nous concerne, celle du MCBA à la gare, Pascal Broulis ne respecte personne, ce qui est affligeant. Car c’est l’attitude contraire que nous attendons, c’est l’écoute et la participations des citoyennes et citoyens que nous sommes, en amont des décisions, face à ceux qui nous représentent et que nous payons grassement!

    Réponse du Bâtonnier qui préside l’ordre des avocats vaudois aux propos de Pascal Broulis.
    Lausanne le 10 juillet 2014/mf

    Conférence de presse relative au pilotage pour les investissements de l’Etat de Vaud

    Monsieur le Conseiller d’Etat,
    Cher Monsieur
    C’est au nom des avocats vaudois, que j’ai le privilège de présider, qu’il me faut revenir sur la conférence de presse que vous avez donné le vendredi 3 juillet dernier, conférence de presse largement relayée par les médias.
    Ceux-ci, la presse écrite en particulier, se sont ainsi faut forts de mettre en exergue les critiques que vous avez formulées à l’encontre d’avocats vaudois qui, s’assurant ainsi de très confortables honoraires, se seraient fait les spécialistes d’empêcher ou de retarder tel ou tel grand projet d’investissement.
    Vous dire que, prenant connaissance de ces propos, l’immense majorité des avocats ont exprimé leur incompréhension est un peu en dessous de la réalité.
    Dans sa pratique quotidienne l’avocat, au fil des années d’expérience, apprend et partant s’accommode des propos désobligeants tenus tantôt lors de discussions de comptoir, tantôt par des parties adverses dont on peut aussi mesurer les frustrations. Il est d’ailleurs plus que fréquent qu’un justiciable estime son avocat un peu trop conciliant là où il voit dans l’avocat adverse un individu outrancier.

    Comme dit, l’avocat l’assume sans peine dès lors qu’il entend d’abord respecter le serment qu’il a fait de défendre son client avec probité mais engagement ce que, je n’en doute pas, vous attendez également de votre avocat, à titre personnel ou lorsque vous en mandatez un pour représenter les intérêts de l’Etat de Vaud. En un mot l’avocat sait qu’il n’est pas là pour plaire à la partie adverse de son client.
    Cependant lorsque ces propos souvent gratuits n’émanent plus de justiciables peu expérimentés mais de l’un de nos hauts Magistrats, c’est un sentiment légitime d’indignation qui surgit.
    Il m’apparaît en effet que les griefs formulés, ou sous-entendus, par vos soins portent atteinte inutilement blessante à toute notre profession.
    Je ne saurais trop insister ici sur le fait que l’avocat participe grandement à assurer que nos institutions fonctionnent au plus près de l’idéal démocratique que chaque citoyen est en droit de nourrir.
    Ce système démocratique, fait de règles garantissant les équilibres des pouvoirs, assure notamment qu’une fois élu, un représentant de l’Etat comme vous l’êtes, assume ses fonctions avec toute la légitimité indispensable à sa mission.
    Ces règles de fonctionnement démocratiques ne peuvent être à la carte et valent pour tous les justiciables, y compris si ce n’est plus encore, lorsque ce justiciable est l’Etat.
    En conclusion l’avocat dans sa fonction, ne mène pas de combat personnel, il agit dans l’intérêt premier et le plus possible éclairé de clients qui exercent leurs droits.
    Il ne fixe pas les règles ni ne rend de décision, qu’il s’agisse de décision sur le fond ou sur le déroulement et le rythme des procédures.
    Pour toutes ces raisons déjà les attaques que vous avez formulées contre la profession d’avocat sont infondées comme injustes au point que l’émotion a été vive au sein de l’Ordre des avocats vaudois. Je le regrette profondément.
    Il m’importe de souligner que je me tiens à votre disposition pour évoquer ce qui précède et, d’une manière plus générale, le rôle de l’avocat dans notre société ou certaines lenteurs des procédures, dont se plaignent aussi les avocats, lenteurs que plus de moyens donnés à la justice participeraient sans doute à réduire.
    Vous remerciant de l’attention que vous aurez portée à ces lignes, je vous prie de croire, Monsieur le Conseiller d’Etat, cher Monsieur à l’assurance de ma haute considération.
    Elie Elkaim
    C.c. : aux membres de l’OAV

  4. Magnin Eric 7 octobre 2015 at 13:47 #

    Un exemple à suivre à Lausanne, pour lutter contre la démolition “des halles aux locomotives”!
    “……A la suite du rassemblement d’opposants à sa destruction, qui était prévue lundi, l’église parisienne Sainte-Rita a obtenu un sursis.
    Une soixantaine de fidèles, de riverains et d’élus politiques étaient présents à 8h du matin pour faire face aux bulldozers qui étaient venus pour démolir la paroisse célèbre pour ses bénédictions d’animaux. Ils étaient rassemblés derrière une banderole “Non à la spéculation ! Sauvons Sainte-Rita”. Le maire du 15e arrondissement, Philippe Goujon (Les Républicains), était notamment présent parmi eux……”http://www.directmatin.fr/france/2015-10-05/paris-leglise-sainte-rita-echappe-la-demolition-pour-linstant-712691

  5. Marco Bouvard 23 octobre 2015 at 02:47 #

    Monsieur Magnin évoque la surcapacité de l’usine d’incinération TRIDEL … à la bonne heure, les Verts ne voient pas rouge face à la pollution engendrée par les camions traversant la Suisse pour amener son lot d’ordures à notre Tridel en manque de pâture … et mon petit doigt me dit que les actionnaires de la société de transport sous-jacente on trouvé là une rente à vie. Afin de pouvoir les remercier des impôts qu’ils versent à la commune et au canton sur ces juteuses activités, je serai reconnaissant à Mr Broulis de publier la liste de ces heureux contribuables … sans façon bien sûr, on est en famille.

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