«Deux plus deux?» Demande le professeur aux enfants. «Cinq», répondent- ils en levant leurs tablettes sur lesquelles est apparu le résultat.
PAR JESSICA CAVALLERO
Si c’est écrit sur la tablette, ce devrait être correct, ont dû penser les élèves.
Un message simple qui condense tout le paradoxe de la société 2.0.
A le lancer c’est Alex (photo Jessica Cavallero), le Fribourgeois qui planche pour le quotidien « La Liberté ». Il est parmi les vingt neuf bédéistes qui ont répondu présent avec enthousiasme à l’appel de la Maison du Dessin de Presse de Morges.
L’exposition, organisée par l’institution morgienne a été inaugurée mardi 24 mai 2016. Cette année, elle met en lumière le travail des dessinateurs sur le thème «Suisse 2.0».
Quelles sont les conséquences de ces nouveaux modes de communiquer pour notre société, notre manière de vivre et d’échanger? Un tsunami d’avancées technologiques va-t-il transformer notre société en un monde nouveau?
Les bédéistes révèlent les mécanismes et les défis d’une société en réseau. Encore une fois la bande dessinée apporte la preuve de sa capacité à appréhender le monde dans toute sa complexité.
Selon Alex «ces nouveaux modes de communication ont des conséquences pour les jeunes générations. Cette bande dessinée les représente. L’école se trouve au centre de la révolution 2.0. Il y a des connaissances de base qu’il faut apprendre et que les tablettes ou les Smartphones ne peuvent pas nous garantir». Le polyédrique Vallot partage cette vision.
Une des ses bandes dessinés avait été réalisée à l’occasion de la sortie de l’Apple Watch. Mais que comprend-on vraiment de cet appareil? On ne voit même plus les aiguilles qui tournent. Selon Vallot «nous ne pouvons pas échapper au progrès technologique mais le crédo selon lequel il va améliorer forcement les choses est une illusion. Désormais tout est devenu numérique, analogique, matière grise. Les conceptions physiques ont changé avec l’arrivée des nouvelles technologies».
La famille n’est pas à l’abri. Romain Mange du « Journal de Cossonay » témoigne en profilant une famille d’ours réunie autour d’un ordinateur. Il n’y a pas un livre à lire, ni une histoire à raconter. «Il s’agit, explique-t-il, d’une famille confinée dans le microcosme du 2.0. Les conséquences négatives, je les vois tous les jours. La plupart des gens ne lèvent plus le nez du portable. Nous sommes ensemble mais sans l’être vraiment. Ce sont les effets délétères de la quatrième révolution industrielle qui avance».
Les effets positifs du monde 2.0 sont indéniables: communiquer rapidement, être joignable, partager les informations de façon immédiate. De même, absolument personne ne voudrait se faire virer du boulot par un robot comme le dessine Swen. Si nous levons le nez du portable, cela ira mieux.
Le public peut découvrir les différents traits des dessinateurs jusqu’au 10 juillet.