Ecologie mon amour…


Je ne sais pas pourquoi, j’aime bien l’écologie mais certains écologistes me fatiguent considérablement.

PAR ALBERT EBASQUE

Cette façon de se poser en défenseurs exclusifs d’un monde parfait où la nourriture doit être saine, l’air pur et les voitures propres… Nous voulons tous vivre dans un tel univers. Je ne connais personne qui souhaiterait avoir une alimentation pourrie, un air vicié et des véhicules polluants. Le problème est d’alimenter et de faire vivre des milliards d’individus à des niveaux de prix accessibles au plus grand nombre. C’est en ces termes que se pose la terrible équation, et elle n’est pas facile à résoudre. Car soit on produit en masse à des prix normaux ou bas, et il est probable que le meilleur ne sera pas au rendez-vous; soit on privilégie la qualité et les coûts de production seront alors plus élevés, les quantités plus faibles. Dans ce dernier cas, les plus démunis sont alors exclus car ils n’ont pas les moyens d’acquérir ces biens – alimentaires ou autres. Le défi est donc bien de produire de la qualité en volume suffisant et à des prix accessibles. Que l’écologiste ayant la solution se fasse connaître d’urgence car pour l’instant personne n’a trouvé la clef.

Le courant “Vert” a cependant un mérite: il a fortement sensibilisé la société vers une amélioration qualitative de nos conditions de vie. Mais cette transition vers un monde meilleur sera lente car notre modèle économique est tourné vers le productivisme pour les raisons exposées plus haut. Comment pourrait-il en être autrement? Nourrir, soigner, éduquer, se déplacer, se loger… sont les missions des gouvernements de tous les pays du monde. Mais encore faut-il avoir les moyens de sa politique. Et seules les nations les plus développées peuvent se targuer d’avoir mis en place un projet qui soit “écolo-compatible”. Les pays les plus défavorisés ont d’autres priorités plus basiques et élémentaires: nourrir ceux qui ont faim, éduquer les illettrés, abriter les plus pauvres, éradiquer les maladies. Ainsi, l’écologie politique apparaît-elle comme un courant de pays riches, de ceux qui ont les moyens et les capacités d’investir dans des technologies propres.

Quant à nos écologistes, il faut qu’ils se départissent de leur dogmatisme et parfois de leur intolérance vis-à-vis de celles et ceux qui ne partagent totalement pas leur point de vue. Encore une fois, nous voulons tous vivre dans une société propre et saine. Mais cette quête du Graal ne doit pas cacher les réalités économiques, fussent-elles choquantes ou bien parfois cruelles. Non, tous les industriels ne sont pas des méchants pollueurs. Ce sont des gens qui essaient de créer de la valeur et de la richesse en respectant les lois et les normes. Tous les automobilistes ne sont pas des excités du dioxyde de carbone. Ce sont des gens qui achètent les véhicules qu’ils peuvent avec les technologies qu’on met à leur disposition. Enfin, tous les géants de l’agro-alimentaire ne sont pas des empoisonneurs. Ils souhaitent vendre leurs produits au meilleur prix en restant dans les normes sanitaires établies. Certes, les contrôles sont indispensables et le fameux principe de précaution doit toujours prévaloir. Mais au-delà de ces contraintes, chacun est suffisamment responsable pour se conduire comme il le veut, sachant que toute entreprise sortant des clous met en jeu sa propre pérennité.

En attendant, je vais aller à la déchetterie avec mon véhicule hybride. Je sais que je ne suis pas totalement parfait car il faudrait que j’y aille en vélo ou bien en bus. Mais je me vois mal avec mes poubelles dans les transports collectifs. Encore que ce soit une bonne façon d’avoir une place assise avec personne à mes côtés. Surprenant, non ?

 

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3 commmentaires à “Ecologie mon amour…”

  1. Christian Campiche 6 juin 2016 at 16:01 #

    Tous les industriels ne sont pas des méchants pollueurs, certes, mais tous les industriels ne sont pas non plus de gentils gestionnaires responsables. Se rappeler les multiples catastrophes dues à la négligence qui ont amené dévastation de la faune et de la flore. Parfois les sanctions ont été ridicules. Penser aussi au changement climatique, etc…

    En fait on peut se demander pourquoi l’écologie agace en tant que telle. Elle a été un tremplin pour beaucoup de jeunes politiciens qui ont déçu ceux qui avaient placé leurs espoirs en eux. Elle a été récupérée par le monde économique qui fait de l’argent avec les sacs poubelle, les énergies alternatives, éoliennes, etc…

    Peut-être que le malentendu vient justement de cette impasse dans laquelle est arrivée l’écologie dans son acception déjà classique, celle dont on a fait une tarte à la crème à force de s’en revendiquer depuis la première crise pétrolière. L’écologie irrite parce que les administrations, les fonctionnaires de toute sorte s’en font les kapos, en quelque sorte. L’écologie ne veut plus rien dire, mieux vaudrait redéfinir un nouveau contrat social entre les élus et leurs électeurs, que dis-je carrément un modèle de vie dans lequel la consommation (dans sa version aveugle et frénétique) cesse d’être la religion.

  2. christiane betschen 7 juin 2016 at 21:14 #

    Si chacun sur cette planète ne peut vivre dans de bonnes conditions, c’est que nous sommes dans une impasse ! Non seulement il faut changer notre mode de vie, mais il faut changer le système politique : rendre aux Etats le pouvoir et les possibilités financières qui leur sont confisqués par les multinationales qui n’agissent que pour leur propre profit.

    En ce qui concerne l’alimentation, par exemple, les bonnes terres agricoles ne seront alors plus accaparées par les industries agro-alimentaires ou par les extracteurs d’énergies fossiles ; peut-être pourra-t-on revenir à des méthodes agricoles plus respectueuses de la nature. Ce sera un grand pas en avant dans le domaine de l’écologie !

  3. Pivoine 7 juin 2016 at 22:47 #

    Le respect de l’environnement et l’économie de marcher sont-ils compatibles? Difficilement.
    Par exemple, quand je me rends dans une grande surface je repense toujours à une remarque que faisait mon père: ” Combien de choses inutiles…”.
    Vendre tant de gadgets qui remplissent rapidement nos poubelles, apparemment rapporte plus que de réparer, restaurer….Les artisans, qui avaient tout un savoir faire, disparaissent. Pourtant ils contribuaient à ralentir la production de déchets. Mais le système actuel ne leur permet pas de gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins. ( Loyer, caisse maladie…).

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