Mais à qui appartient donc cet engin?


De nouveaux appareils téléguidés font maintenant fureur: les drones.

PAR ALBERT EBASQUE

Cela ressemble un peu à un jouet pour enfant et, somme toute, le principe est assez ancien car il s’agit d’engins téléguidés comme en possèdent de nombreux amateurs depuis plusieurs années avec l’aéromodélisme. Une utilisation artistique de ces appareils permet par exemple d’obtenir de très belles prises de vue en altitude ou bien des films sous des angles impossibles à saisir autrement. Mais des ingénieurs militaires américains adaptèrent ce qui fut longtemps un objet de loisir à des tâches bien moins pacifiques et d’une redoutable efficacité. Couramment employés en Afghanistan ou dans la lutte contre Daech au Proche-Orient, ces engins guidés à distance sont d’une redoutable efficacité contre l’ennemi – et cela sans pertes humaines pour celui qui les dirige vers leur objectif.

Toute innovation ayant ses inévitables contreparties, ces «objets volants parfois non identifiés» mis dans certaines mains peu recommandables peuvent être utilisés près de chez nous à des fins crapuleuses ou totalement stupides. Le dernier exemple en date concerne cet Airbus commercial en phase d’atterrissage à Roissy à 1 600 mètres d’altitude et qu’un drone a semble-t-il approché à moins de cent mètres. La bêtise humaine étant sans limite, un ou des individus ont sans doute volontairement agi de façon à ce que l’appareil soit gêné par ce drone. Et les exemples se multiplient chaque semaine, notamment autour de Roissy. Certes, il existe maintenant des «drones anti-drones» qui, comme leur nom l’indique, doivent intercepter ces OVNI dès lors qu’ils se trouvent dans un périmètre dangereux (aéroports, centrales nucléaires,…). On forme même de grands rapaces avec ce même objectif de neutralisation.

Mais l’interception étant évidemment la priorité absolue, comment identifier rapidement le propriétaire ou le manipulateur de l’engin? Pour l’instant, la question reste sans réponse et il est urgent de trouver la parade à des utilisations dévoyées par des individus dangereux ou décérébrés. Car nous parlons pour l’instant d’appareils trouvés dans le commerce à des prix abordables et que l’on peut manœuvrer à quelques centaines de mètres. Mais la technologie s’améliorant sans cesse, on ne peut exclure que ces engins «grand public» ne soient bientôt dotés de performances très supérieures rendant quasiment impossible la géolocalisation de ceux qui les télécommandent à plusieurs kilomètres de distance. Une réglementation de l’utilisation de ces appareils a récemment été mise en place en France mais elle semble timide.

Il faut aller plus loin avec un arsenal législatif européen obligeant par exemple les vendeurs et constructeurs à relever l’identité de l’acheteur lors de l’acquisition, et même peut-être à déclarer l’engin en préfecture, comme pour un véhicule automobile, ce qui suppose bien évidemment que la revente à un tiers serait soumise aux mêmes obligations. On pourrait aussi imaginer un système de géolocalisation obligatoire et indestructible de type transpondeur. Mais il est essentiel de trouver rapidement une parade compte tenu du nombre élevé de d’irresponsables qui sont dans la nature et pourraient mettre en danger la vie de nombreuses personnes, que ce soit dans des avions, autour d’une centrale nucléaire ou bien d’autres sites sensibles. Enfin, le bricolage d’un drone artisanal étant toujours possible, la réponse technique n’est pas facile à trouver.

Bref, comme il y a le Bien et le Mal, le Ying et le Yang, Jacob & Delafon ou bien Black & Decker, nous avons maintenant les drones pacifiques et ceux qui ne le sont pas. La technologie a toujours ses dévoiements et le risque majeur est que ces engins deviennent au transport aérien ce que les lettres anonymes sont dans les relations sociales: des destructeurs de vies sans auteur clairement identifié… Inquiétant, non?

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