Lettre de Lima à un ami lecteur – Ce triste Blair et ce lamentable Barroso


Or donc, l’envie titille mes doigts pour les agiter sur le clavier de mon ordi.

PAR PIERRE ROTTET

Histoire de faire quelques réflexions, de les partager avec toi, à propos de ce qui alimente les événements dans ce monde. Bien entendu, le rapport Chilcot qui enfonce Blair en Grande-Bretagne figure en bonne place. L’action de cet ancien Premier ministre, chantre de la guerre en Irak aux côtés de Bush est jugée accablante. Sans surprise. Même s’il a fallu plus de sept ans pour parvenir aux conclusions dudit rapport.

Sept ans, disais-je, pour affirmer ce que n’importe quel quidam doté d’un brin de bon sens aurait pu avancer sans se tromper, à savoir que le Royaume-Uni a envahi l’Irak sans avoir épuisé les options pacifiques et sans préparation adéquate quant aux conséquences. Ce que clament dans leur douleur les familles des quelque 300 victimes irakiennes de l’un des derniers attentats à Bagdad. Ainsi que les familles des victimes à venir. Ou qui jalonnent par dizaines de milliers le passé. Des victimes pourtant aussi innocentes que celles de Paris ou de Bruxelles où de partout dans le monde où sévissent les salauds.

Tout cela, tristement, pour accompagner Bush dans sa folie guerrière. Meurtrière. Les contribuables britanniques auraient tout aussi bien pu épargner des millions de livres – sterling! Pour entendre ce que nous savions. Enfin, pour l’essentiel. Pour le reste, contenu dans les milliers de pages, le rapport résonne comme une baffe au gouvernement et au parlement d’alors. Et à tous ceux qui les appuyèrent.

Trevor Kavanagh, dans le “Sun”, ne s’y trompe du reste pas en soulignant que «Blair a toujours été obsédé» par la marque qu’il laisserait dans l’histoire. «Il a pu espérer ressembler aux héros de guerre américains avec tous les bénéfices juteux qui y sont associés. Mais au lieu de ça, on se souviendra de lui pour avoir infligé une tempête terroriste à un monde fragile et instable».

Certaines familles qui ont perdu des êtres chers dans le conflit affublent d’ores et déjà Blair du titre de «pire terroriste» du monde. Elles n’hésitent plus du reste à parler de crimes de guerre. Elles pourraient ajouter au nom de Blair ceux des Bush, père et fils. Pourtant, aucun d’entre eux ne sera jugé à La Haye. Contrairement à des leaders africains ou des Balkans, qui n’en sont pas moins des crapules et des criminels, mais sans doute bien moins si l’on se réfère au nombre de victimes, qui ont été condamnés, eux, par le Tpi. Tellement plus commode, n’est-ce pas, que de s’affronter à des «seconds couteaux», histoire de faire illusion et de se donner bonne conscience?

Blair et Aznar, alors Premier ministre espagnol du camp du Parti Populaire PP, s’étaient accordés pour un mensonge vis-à-vis de leur opinion publique, sous la forme d’un pacte trois semaines avant l’invasion de l’Irak, apprend-on par la même occasion. Un pacte mensonger destiné aux opinions de leurs pays et d’ailleurs. Les deux leaders avaient en effet pactisé lors d’un rendez-vous à Madrid, histoire de laisser croire qu’ils avaient «fait tout leur possible pour éviter cette guerre», rapporte encore le rapport Chilcot.

Une autre info a retenu mon attention. Un peu dans la continuité de la précédente, puisqu’elle concerne un autre copain de Blair, le lamentable José Barroso, tu sais, l’ancien président de la Commission européenne, déplorablement connu pour avoir affaibli l’Europe communautaire et ses institutions. Grassement payé avec sa confortable pension, il a trouvé le moyen de se faire engager par la ténébreuse banque Goldman Sachs, pour occuper le rôle de président «non exécutif» et conseiller. Cette banque était l’une des plus impliquées dans le scandale des subprimes qui devait entraîner la crise financière de 2007-2008, sans parler de son implication dans la crise grecque, pour avoir contribué à dissimuler l’étendue de son déficit, puis spéculé entre 2009 et 2010 contre la dette. Que GS savait insoutenable.

Tu dois savoir que cet homme, ce… Barroso, jamais en retard d’une goujaterie, était un maoïste convaincu lorsqu’il était étudiant avant d’opérer l’ensemble des virages du monde à lui tout seul. Si je te parle de lui, de celui qui a un peu plus brisé le rêve d’une autre Europe, c’est parce qu’il avait renvoyé l’ascenseur à Blair sous la forme d’un cadeau politique, en s’opposant à toute régulation du système financier pour le plus grand bonheur de la City londonienne.

 

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