En 1987, l’historien-journaliste Jean-Philippe Chenaux publiait dans les Cahiers de l’Alliance Culturelle Romande une étude intitulée “La presse romande dans tous ses états”. A la relecture aujourd’hui, force est de constater que son analyse comportait aussi des aspects visionnaires, en témoigne la conclusion où l’auteur, citant le journaliste valaisan Bernard Reist, qui deviendra directeur de l’ATS, se demande à quoi ressemblera la presse romande en 2012.
- Le journaliste de demain aura une liberté rédactionnelle moindre qu’aujourd’hui.
- Sa copie sera influencée par l’annonceur, qui couvrira jusqu’à 90% et plus des frais de production. Elle sera limitée par des contraintes liées à la présentation graphique du journal.
- Le journaliste de demain – mais c’est déjà souvent le cas aujourd’hui – devra apprendre l’écriture télématique, c’est-à-dire prévoir que son article sera également destiné à être lu sur écran. Il rédigera des titres explicites, des paragraphes courts, adaptés au format informatique.
- Pour être lu, le journaliste de demain devra créer l’événement au risque de sacrifier toute déontologie (sic). Car le consommateur, surinformé, ne s’attachera qu’au spectaculaire. En ne lisant que ce qui est facile, fait plaisir, conforte et réconforte.
“Brrr… salut, journaliste!” concluait Chenaux.
C’était il y a 30 ans…
Une pertinente anticipation qui démontre que les visionnaires se révèlent parfois clairvoyants… Merci de le partager.