Nous ne prendrons plus un bon papet arrosé d’un flacon de rouge en discourant sur l’avenir de la planète.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
La mort du buffet de la gare avait déjà rompu la tradition. Cette fois c’est l’horrible crabe qui est venu à bout d’Aldo.
Chroniqueur de la Méduse, connu comme le loup blanc des auditeurs de la Radio romande dont il fut longtemps de tous les débats matinaux. Bon vivant mais surtout homme pétri d’indépendance. Rien n’arrêtait cet ancien banquier devenu philosophe dans ses diatribes contre l’ordre mondial aux mains des filous d’un système à la dérive.
S’il s’emportait de la sorte, c’est parce qu’il croyait à la justice sur terre. Aldo Schorno fut un véritable idéaliste, mieux, un prophète de la finance. Sa lucidité confondante trouve son aboutissement dans « Les dessous de l’Empire du mal, livre fleuve qu’il publia en 2015. Pour enrayer la chute finale, Schorno prônait une réforme monétaire et un retour à l’étalon-or. Dénonçant les dangers du consumérisme, il militait parallèlement en faveur d’une structure coopérative de la société.
Gageons que l’avenir lui donnera raison.
A sa famille, la Méduse présente ses condoléances émues.
Très triste.
J’ai bien connu Aldo pour avoir travaillé dans la finance avec lui. La nouvelle me bouleverse et présente à sa famille mes sincères condoléances.
Triste nouvelle. La Méduse perd un grand chroniqueur.
La radio romande m’a appelé pour me demander de parler d’Aldo. J’ignore totalement à quelle heure cette mini-interview a été diffusée. Ni si elle l’a été, à vrai dire. Une question intéressante, à la fin: « Des personnalités critiques telles que Schorno existent-elles encore? » J’ai répondu par l’affirmative mais en précisant que cela ne servait à rien si ces mêmes libres-penseurs ne bénéficiaient pas de relais médiatique. J’ai rendu une fleur au service public qui invitait régulièrement Aldo Schorno pour commenter l’actualité économique. Cela dit, je pense que l’on peut placer Schorno sur le même terrain philosophique que le regretté Bernard Maris, assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo en 2015. En Suisse romande, l’économiste Michel Santi ou Jean-Marie Brandt, ancien banquier et homme de lettres, jouent notamment aussi un rôle analogue.