Tuerie de Manchester, le complot est avéré!


La bombe utilisée à Manchester à la sortie du concert de la jeune star du pop Ariana Grande était à la fois sophistiquée et puissante selon le “New York Times”.

PAR FRANÇOIS MEYLAN

Le quotidien américain se base sur des photos prises sur les lieux du drame par les enquêteurs eux-mêmes. Fuites déplorées, le lendemain, par Amber Rudd, la ministre britannique de l’intérieur. Néanmoins, Madame Rudd a déclaré, en substance, qu’il semble probable que l’auteur de l’attentat n’a pas agi seul. Aujourd’hui, l’Agence France Presse (AFP) nous apprend que déjà huit personnes sont mises en examen. On s’éloigne ainsi du mythe du «loup solitaire».

A en croire «The Henry Jackson Society» (HJS), dont les travaux font autorité outre-Manche, seul un auteur d’attentat sur dix aurait agi complètement seul jusqu’ici. En d’autres termes il faut parler de complot. Ce qui implique une organisation. Ce type d’action de la terreur sous-tend une opération avec de la planification – réflexion, stratégie, élaboration, repérage – et une logistique. Cette dernière n’est pas une mince affaire. Conditionner le ou les tueurs, engager l’artificier, trouver la planque, définir l’itinéraire et l’accès au lieu de l’attaque. Se procurer l’argent voire même un plan «B».

A ce stade, il est urgent de remonter au(x) commanditaire(s). Mais aussi de revenir à la question existentielle: à qui profite le crime? Quels sont les objectifs tactiques comme stratégiques? Les premiers peuvent avoir comme finalité de terrifier, déstabiliser ou encore gagner du temps. Les seconds s’inscrivent dans une durée généralement supérieure à deux ans. Ils sont souvent politiques.

Ils visent un changement structurel profond en vue d’un changement de paradigme ou sont au bénéfice d’intérêts particuliers, qu’ils soient nationaux, privés ou les deux à la fois. Manipulation ou pas, la revendication par l’organisation Etat Islamique (EI) de la tuerie de Manchester n’est que secondaire. Le fait que «des experts» s’instruisent vraisemblablement au travers du même prisme inquiète bien plus. Ce confinement dans un fantasme, le «califat islamiste» qui en voudrait à notre style de vie d’occidental décadent. Faut-il le rappeler, c’est ce simplisme et cette lecture binaire des évènements qui prévalent depuis le 11 septembre 2001. Avec les résultats que l’on connaît. Le méchant terroriste mute tel le virus de la grippe. D’Al-Qaïda à Daesh en passant par aqmi, on nous repasse le même plat, certes apprêté différemment. Dans le même temps, les tracés des frontières comme des alliances évoluent tant au Moyen-Orient qu’en Afrique. Des zones cruciales pour nos besoins en hydrocarbures et autres matières premières. Ceci dans l’indifférence relative de nos populations, trop occupées qu’elles sont à se protéger du pseudo «djihadisme».

Pire encore… La montée en puissance du tout sécuritaire fait craindre de sanglantes dérives qui un jour nous toucheront, nous et nos proches, encore plus que le terrorisme islamiste. Tout cela parce qu’on ne se pose pas les bonnes questions. Combien faudra-t-il encore de vies fauchées pour que d’autres pistes soient enfin mises en lumière?

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12 commmentaires à “Tuerie de Manchester, le complot est avéré!”

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    Sima Dakkus Rassoul 26 mai 2017 at 10:15 #

    Vous nous donnez grande matière à réflexion, François. Et la sagesse serait de changer le paradigme de notre regard. C’est un enjeu pour nous tous où que nous soyons sur la planète. Je reviens toujours avec un exemple que je connais bien, l’Afghanistan.
    En ce moment, l’Asie centrale est un point chaud dont la température augmente et mon dernier article sur la menace sur les médias afghans est déjà dépassé.
    Une grande autorité dans le Conseil des érudits en islam vient d’être abattu à quelques pas de ses étudiants dans une mosquée. Et l’attaque de mosquée en Afghanistan n’est pas exceptionnelle. C’est bientôt le ramadan et généralement les attentats se multiplient à cette période de concentration sur soi et sa conscience.
    Dans les médias afghans, les religieux condamnent vigoureusement et depuis longtemps les talibans, daesh et autres comme n’ayant rien à voir avec l’islam. Tuer des femmes, des enfants, les jeunes et les vieux n’entrent dans les préceptes d’aucune religion. Mais d’autre part, les milieux religieux sont aussi manipulés parfois par l’avidité et séduits par ceux dont l’intention est de mener le monde sans se montrer. Il ne s’agit pas de complot, mais de stratégie à l’échelle internationale de répartition du monde.
    Il y a une étude dont j’ai perdu la trace qui affirme comment par degré, notre monde avancé a perdu la notion de la valeur d’une vie humaine. Pour nous le nombre de tués est devenu une abstraction. C’est dire si nous sommes dans le désarroi et la confusion. Ce que je comprends et je respecte.
    Seul objectif, retrouver le sens de l’humain, de sa fragilité, de sa douleur, de sa dignité. Là où nous sommes.

  2. Claude Oberson 26 mai 2017 at 10:16 #

    Mais si nous ne nous posons pas les bonnes questions, lesquelles sont-elles les bonnes questions?

  3. Doni 26 mai 2017 at 12:07 #

    L’âge des victimes que cet attentat a visé le rend d’autant plus violent. Aveugle aussi, car si le(s) auteurs avaient considéré les personnes présentes individuellement et non comme une masse, l’action aurait été plus difficile. Des enfants… c’est choquant.

    J’insiste sur le fait que ce n’est pas une explication, mais il y a une question que ce drame soulève à mon avis.

    J’ai peut-être la mémoire courte, mais le phénomène de concerts de cette envergure organisés pour des très jeunes spectateurs me semble récent. Ces “stars pour enfants”, quasiment inconnues auprès des adultes, et le business qui les entoure ont de quoi laisser perplexe.

    On pourrait réfléchir à ce système qui fait entrer des enfants dans l’agglomérat informe, impersonnel et onéreux du consumérisme sans même leur laisser le temps de développer leur individualité. C’est prématuré, ils sont vulnérables. Déjà adulte c’est pas simple…

  4. Feuz Alec 26 mai 2017 at 16:18 #

    Étrange article plein de sous entendus. Il y aurait des commanditaires inconnus auxquels profite le crime… un petit air de ” je suis plus malin ” un peu agaçant. Si vous avez des choses à dire et de bonnes questions à poser. Dites ce que vous avez à dire et posez les bonnes questions.

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    François Meylan 26 mai 2017 at 23:52 #

    Monsieur Feuz, en premier lieu, merci de me lire et merci de participer à la confrontation d’opinions.
    Le jeune qui s’est fait exploser, jeune en rupture qui s’adonnait à l’alcool et aux stupéfiants, notoirement connu des services de police, était certes facile à utiliser comme arme ou munition. Pour les autres en revanche – parce qu’il y a organisation – ce n’est probablement pas l’instauration d’un pseudo-califat qui est le facteur de motivation principale. Ce soi-disant vœu d’instaurer un califat ne parle pas du tout à l’ouma, la communauté des musulmans qui partagent les mêmes préoccupations que nous, c’est-à-dire avoir un job et pourvoir aux besoins de sa famille. Par contre, le maintien d’un climat infra-guerrier entretient l’espoir d’en enrichir un bon nombre. Il justifie tous les crimes de droit commun sur l’autel de la lutte idéologique. L’augmentation des budgets de défense tout en augmentant les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite qui est pourtant tenante de la théorie la plus belliqueuse en islam. C’est quand-même paradoxal, non?
    Des contrats records de ventes d’armes viennent d’être signés avec les rigoristes wahhabites mais plus personne n’en parle… On parle de Manchester…
    Vous pensez vraiment qu’il y a des fous de Dieu qui nous voient comme le grand Satan et qui souhaitent nous anéantir? Alors que ces mêmes instigateurs consomment notre mode de vie occidental et s’enrichissent de rackets, de vols de pétrole, de taxes illégales sur le coton et d’autres trafics en tous genres.
    Quel était le réel niveau d’instruction religieuse des assassins qui se sont fait sauter jusqu’à présent? Nul! Un zéro pointé. Par contre, dans les faits, nous, Occidentaux, maintenons notre ingérence au Moyen-Orient et en Afrique officiellement pour combattre le terrorisme et officieusement bien d’évidemment pour mettre la main sur les matières premières.
    Il faut s’intéresser à qui a instruit et financé dans un premier temps tous ces groupes qui se livrent à des violences politiques. Les lectures, documentations et témoignages sont nombreux. Pourtant les médias nous livrent du copié/collé et nous servent la même soupe par simplisme.
    En Indonésie, pays musulman, les terroristes ne sont pas appelés djihadistes mais simplement criminels. Ils sont jugés et condamnés en tant que tels.

  6. Bernard Walter 27 mai 2017 at 08:04 #

    Je rejoins complètement le commentaire d’Alec Feuz. Je ne vois pas où M. François Meylan veut en venir, je ne comprends pas le sens de son message. Je le ressens comme un alignement de propos de nature à semer la confusion.

  7. Pierre-Henri HEIZMANN 27 mai 2017 at 08:10 #

    Sa réponse publiée à 23:52 me semble particulièrement claire!

  8. Bernard Walter 27 mai 2017 at 08:24 #

    A M. Pierre-Henri Heizmann.
    Sa réponse ne m’éclaire en rien. Pourquoi les propos de M. Meylan sont lumineux pour les uns et obscurs pour les autres, il y a là une espèce de mystère que je ne m’explique pas.

  9. Inquiète 27 mai 2017 at 08:46 #

    Certainement plus clair que les les tenants et aboutissants que nous avons à ce jour du G7 à Taormina.

  10. Le Médusé 27 mai 2017 at 09:39 #

    L’article de François Meylan a le mérite de démonter la manipulation à laquelle on nous soumet en tartinant sur la cause présumée des attentats, le malaise de jeunes déboussolés. Ceux-ci sont-ils l’instrument d’une stratégie diabolique? La violence justifiant la guerre, l’enjeu ne serait-il pas le pétrole et les ventes d’armes?

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    François Meylan 27 mai 2017 at 10:13 #

    Bonjour,
    Vous avez toutes et tous raison. Du moins, le sujet est suffisamment grave pour qu’on le traite avec un maximum de sérieux.
    En premier lieu, démystifions le terrorisme parce sa définition n’est à l’heure actuelle toujours pas arrêtée. Plus de deux-cents possibilités de définition ont été retenues par l’ONU. Ensuite, rappelons que l’islam n’a pas la paternité de ce que l’on peut définir comme terrorisme. La guerre d’usure, la déception, le sabotage comme l’assassinat figurent aussi dans nos manuels d’instruction militaire.
    À présent, j’ai deux exemples concrets pour nuancer la lecture des événements qui, malheureusement, prédomine. À savoir une posture dualiste entre le bien et le mal, entre blanc ou noir ou encore le très nébuleux mais ô combien “choc des civilisations.”
    Premier exemple. J’ai fait un reportage sur la question pour la Revue Militaire Suisse (RMS) dans les années nonante, qui fut par ailleurs souligné par la communauté militaire espagnole. Le sujet étant l’ETA et le séparatisme basque. J’étais alors policier et jeune capitaine de milice au sein de notre armée. Je me suis aussi déplacé à Bilbao (E). J’ai compris alors que l’idéologie d’une séparation d’avec l’État espagnol ne trouvait pas même l’adhérence d’un cinquième de la population. Mais que les criminels qui tiraient les ficelles de l’ETA – organisation terroriste pour les uns et seulement séparatiste pour les autres, on se rappelle encore le total laxisme de Mitterrand sur la question et une complaisance évidente de l’Europe des régions – n’avaient aucun intérêt à ce que la lutte armée cesse. Cet état infra-guerrier leur assurait une manne d’argent considérable. Il permettait de racketer tous les commerces basques sur l’autel de l’impôt révolutionnaire et même de légitimer tout les crimes de droit commun pour la “bonne cause.”
    Autant dire que la frontière entre terrorisme et crime organisé est ténue.
    L’autre exemple est celui des attentats de Londres du 7 juillet 2005. Des resortisssants issus de la diaspora pakistanaise attaquent, à l’explosif, trois rames de métro et un bus à impériale pour un bilan d’une soixantaine de morts et plusieurs centaines de blessés. J’en parle dans mon deuxième ouvrage sur question. La lecture de l’époque véhiculée par les médias et par les autorités politiques est que c’est Al-Qaida – méchante nébuleuse islamiste qui en veut à notre mode de vie et appelle au meurtre contre les juifs et les croisés que nous sommes. Même chose aujourd’hui sauf que cela s’appelle l’EI et non plus Al-Qaïda. Sauf également que dans les milieux autorisés à penser, on fait le lien avec l’efficacité du contingent britannique engagé sous l’égide de l’OTAN en Afghanistan dans ce que l’on appelle alors La Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (ISAF). Les Britanniques y luttent contre le trafic de drogue – les opiacés tel que l’opium, l’héroïne, le pavot. C’est alors une manne d’argent considérable pour les Talibans, dont l’arrivée à Kaboul a été encouragée par l’Administration Clinton, et pour les Services secrets pakistanais (ISI), véritable Etat dans l’Etat. Que vont faire alors les autorités pakistanaises qui reçoivent de l’argent des États-Unis et tant “qu’allié” stratégique dans la région et plus est sont une puissance nucléaire? Déclarer la guerre à la Grande-Bretagne? Se plaindre par voie diplomatique du manque à gagner sur le trafic de drogue parce les soldats britanniques éradiquent trop bien le trafic? Il faut faire passer un message: “Vous allez trop loin, vous nous encombrez dans notre chasse gardée.”
    Alors on utilise l’action terroriste qui souvent s’accouple à la diplomatie officielle. Ce double langage comme ce double jeu furent déplorés officiellement par le Pentagone quelques années plus tard par la voix d’un de ses généraux.
    Il n’y a que rarement de “loups solitaires” qui se font exploser juste comme ça pour s’inventer un destin. Il y a organisation, il y a complot et il y a quelqu’un à qui profite le crime.
    Les victimes civiles et innocentes “ne sont que” des dommages collatéraux dans la constellation de la raison d’Etat et des jeux de pouvoir. Les criminels de l’EI qui vivaient comme des pachas jusqu’à il y a peu ont de quoi vouloir gagner du temps et se venger, à présent qu’ils sont lâchés de toutes parts après avoir combattu Bachar. Le problème est toujours le même. Le monstre que l’on crée se retourne tôt ou tard contre le maître. Globalement nos forces de sécurité font du très bon travail. Mais la compréhension des évènements relayée tant par le politique que par la la majorité des médias est incohérente et même nauséabonde.

  12. Bibi Fricotin 27 mai 2017 at 18:24 #

    “Alors on utilise l’action terroriste qui souvent s’accouple à la diplomatie officielle”… soyez moins mystérieux et donnez-nous des noms !

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