C’était écrit le… 26 février 2014 – “Didier Burkhalter est-il vraiment l’homme de la situation?”


Qui se partage le monde? La haute finance est-elle complice des majors du pétrole et des marchands d’armes? De 2013 à 2017, l’essayiste suisse Christian Campiche a mis sa plume au service de l’hebdomadaire genevois GHI où, semaine après semaine, son regard s’est emparé d’un événement suisse ou international pour tenter de le décrypter. Ses chroniques viennent d’être publiées dans un livre, “Le tango des prédateurs” dont est extrait le texte ci-dessous, paru le 26 février 2014.

Après le vote du 9 février 2014, un quotidien romand a livré un portrait dithyrambique du président de la Confédération, encensé dans un style baudelairien parce qu’il avait gardé tout son calme à l’annonce des résultats.

Le «oui», il l’avait anticipé avant le dépouillement, se fiant aux sondages indiquant que l’initiative contre l’immigration de masse avait le vent en poupe.

Didier Burkhalter est-il pour autant l’homme de la situation, ce président de crise comme le dépeignent certains? En quoi mérite-t-il davantage d’éloges que Jean-Pascal Delamuraz, l’inventeur du «dimanche noir» au soir du 6 décembre 1992? Si, pour lui, l’acceptation était une catastrophe, n’aurait-il pas dû, au contraire, insister jusqu’au bout, utiliser tous les arguments visant à montrer que les bilatérales, dont toute la nomenklatura fait dépendre l’avenir du pays, risquaient de passer à la trappe?

Où va la Suisse? Et d’abord que valent ses pilotes? La question de la gouvernance mérite d’être posée car le navire amiral, le Conseil fédéral, ne donne pas l’exemple d’une cohésion à toute épreuve. Il prend l’eau surtout dans une partie très sensible de la soute, là où se gèrent les grandes options économiques et financières. Passons encore sur les déboires fiscaux de Johann Schneider-Ammann. Pour l’heure, ils ne portent pas atteinte à la place industrielle. On ne saurait en dire autant, en revanche, du cas Evelyne Widmer-Schlumpf.

Discréditée dans le monde bancaire en raison de sa soumission aux puissances extérieures, la ministre des Finances n’a qu’une seule issue, celle du départ. Son remplacement par un représentant de l’UDC, dont elle est la transfuge, permettrait de refiler la patate chaude au parti responsable du flottement actuel.

Christian Campiche

Texte publié dans “Le tango des prédateurs – Chroniques 2013 et 2017“, par Christian Campiche, Dictus Publishing 2017.

 

 

 

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