Eloge de la lassitude


Souvent comme lorsqu’enfant on apprend à parler, on s’essaie à sortir des sons.

Texte: SIMA DAKKUS RASSOUL/Photo: Laurette Heim

Ces tentatives qui ravissent les adultes et qui vexent certains enfants qui, eux, très sérieusement imitent aussi bien que possible les mots qu’ils entendent ou tels qu’ils les entendent. Un processus trop raffiné pour que les grandes personnes puissent le saisir.

Ce qui frappe l’oreille dans le terme « lassitude », c’est la seconde syllabe paresseuse qui imite presque à elle seule le sensation dont il est question. Beaucoup vous diront qu’ils sont fatigués, mais en réalité, sont-ils peut-être tout simplement las. Notre environnement nous offre généreusement des pressions de toutes sortes comme le bonheur obligatoire, la grande forme pour l’éternité, la joie imposée en certaines circonstances, la réussite .

Si on se penche sur l’infinité subtile des sensations, leurs voisinages et leurs frontières dans notre corps, leurs différences sont souvent uniformisées par des diagnostics inconscients ou précipités faute de temps, d’envie, de courage. Car si on s’arrête à la profondeur de ce langage que notre corps nous tient, il faut aller au-delà et se relier à notre intérieur pour pouvoir prêter oreille à ce dialogue qui reste de sourd faute d’écoute, de temps, de toutes ces choses indispensables qui requièrent notre attention.

Être pressé serait-il autre chose que de se donner de l’importance par la société, son travail, sa position ? On sait que dépassant un certain seuil, cela devient le stress, maladie qui en engendre d’autres.

Ce jeu social, par sa dimension inconsciente et subliminale, se joue au détriment de l’être qui souffre parfois derrière le paraître dynamique et invincible.

La lassitude peut donner le signal de renouveler l’élan mécanique qui devient de la fatigue nerveuse par une libération du mouvement intérieur qui l’apaise. C’est bon de reconnaître que la lassitude est une réaction saine contre l’usure de l’habitude que l’on s’impose. Ouvrir la porte à cette sensation bénéfique de notre corps et de notre âme est un enchantement en soi. Lui faire place, l’écouter sans crainte, car on sera étonné de se voir délivrer d’un poids rapidement.

Écoutez ce sentiment qui vous annonce la couleur déjà avec ses sonorités. Laisse-nous nous arrêter, semblerait-elle dire, quelques minutes allégés du joug d’un rythme qui ne nous est imposé qu’avec notre complicité. Cette sage sensation saura attendre pour que vous ayez trouvé le temps de prendre cette pause, mais rien ne la remplacera dans cette intimité avec soi qui est notre source vive.

L’une écrit, l’autre photographie. Un jeu en miroir plein de sens entre un texte auquel répond une photo existante. Un pont fertile entre deux expressions. Histoire d’altérité.

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Un commentaire à “Eloge de la lassitude”

  1. brigitte 3 août 2017 at 06:17 #

    Comme tout ceci est bien vrai Aussi pour redynamiser un organisme fatigué d’entendre pleurer la nurserie des catastrophistes ,fondamentalistes ,pentecôtistes et j’en passe autant lire le livre de Claude Allégret ,l’Imposture climatique et le dernier livre en vogue écrit par Ytsman Marco ,Climat 15 erreurs
    Rien de tel pour se sentir rempli d’ardeur après avoir lu que nous ne sommes pas les seuls à voir clair dans le jeux des saboteurs d’optimisme

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