Ces nouvelles d’un résident de l’île Saint-Martin, dévastée par l’ouragan Irma. Témoignage in vivo (1) avec tout ce que cela comporte de doutes et d’angoisse.
Ce samedi, rapporte ce Saint-Martinois à sa famille du Nord de la France, les secours sont enfin arrivés. Le soulagement n’est pourtant pas au programme. Ajoutée à l’atmosphère apocalyptique, une prison déverse sur l’île une meute de hors-la-loi. Entre pillages et fugitifs, certains insulaires se calfeutrent en se procurant machettes et pistolet. Un climat de violence règne.
Une population que l’on imagine aisément hagarde. Vendredi encore, elle attendait les secours. Le scepticisme était alors de mise. Notre interlocuteur évoquait un cataclysme, sans aide en vue car sans moyen d’accès à l’île. Un désarroi compréhensible puisque l’aéroport français est détruit, le macadam soulevé, la piste impraticable. Même les bateaux ne peuvent arrimer, la houle se montre redoutable.
Les habitants livrés à eux-mêmes en proie au vandalisme craignent également que les cadavres d’animaux morts qui jonchent le sol ne portent atteinte à leur santé. D’autant plus que la toilette est restreinte à des lingettes et un litre d’eau pour la journée.
Quelque peu épargnés, les hauts de l’île menacent de s’écrouler avec l’avènement d’une deuxième tornade, « José ». Une perspective peu réjouissante, d’autant moins que les dégâts provoqués par le précédent ouragan sont susceptibles d’intensifier la destruction des lieux.
Dévastation, dégradation, la population de l’île expérimente le pire. Il est prévu que certaines personnes soient rapatriées vers la France. Les natifs, quant à eux, devront faire face au désastre.
(1) Notre interlocuteur ne souhaite pas divulguer son identité. Il est l’époux d’une agente des forces de l’ordre. Elle est à pied d’œuvre depuis qu' »Irma » s’est éloignée.
An-Wie pour la Méduse
« La force armée, des patrouilles pour sécuriser… ». La population est priée de ne pas sortir… http://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/couvre-feu-saint-martin-saint-barthelemy-510115.html
Lire également dans le Figaro, résumé par Eurotopics:
L’échec de la France dans les Antilles
L’ouragan Irma a dévasté l’île de Saint-Martin, qui est moitié néerlandaise, moitié française. Si La Haye a fait le nécessaire avant la catastrophe, l’anticipation a été inexistante côté français, commente Le Figaro :
«Avec le passage d’Irma, le pire des scénarios était prévisible. A-t-il été mesuré dans sa juste proportion ? En entendant dimanche le ministre de l’Intérieur égrener tous les moyens en hommes et en matériels envoyés là-bas ces prochaines heures, on se demandait pourquoi tout ce dispositif n’avait pas été mis en place avant la catastrophe. Dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, les Pays-Bas avaient prépositionné des forces militaires : les pillages furent limités. En Floride, nombre d’habitants furent évacués en amont et toutes les précautions furent prises. Paris n’aurait-il pas pu en faire autant en début de semaine dernière ?»