Harcèlement chez les people


Toute cette histoire de harcèlement sexuel, ça tourne au délire.

PAR BERNARD WALTER

Je ne dis pas que ce n’est pas un problème sérieux, non. Je pense le contraire. Je me considère comme un féministe convaincu.

Mais cette question n’a jamais été sérieusement thématisée. Lorsque le viol est utilisé comme une barbare arme de guerre, comme cela s’est produit ces dernières décennies assez systématiquement semble-t-il, les médias ne se sont pas mis en peine pour faire une campagne visant à alarmer le monde sur ce type de crimes. Il y avait pourtant de quoi le faire. Et, pour prendre un exemple qui a été hypermédiatisé, dans le cas de Strauss-Kahn, l’affaire n’a pas été traitée au-delà d’un stade purement individuel. Et pour cause: la victime n’était qu’une petite femme de chambre, africaine de surcroît. Il s’est même trouvé des gens pour prétendre que ce n’était qu’une histoire montée pour éliminer le protagoniste de la course à la présidence.

Et puis tout d’un coup, c’est le déluge. A partir de ce sérieux problème de société (qui est en fait le dévoiement d’un jeu de séduction universel dans la nature), on fait de l’information spectacle. On va en arriver au point d’en faire une mode. Et dans la foulée, ça devient une chasse aux sorcières, laquelle permet du même coup de mettre le reste de l’information au second plan – en attendant qu’on trouve autre chose. Une chasse aux sorcières qui va finir par rendre suspect le moindre geste ou regard du moindre homme se trouvant en présence d’une femme.

Mais quand même, voyez-les, ces « stars » du cinéma ! A Cannes, à moitié à poil, dans des accoutrements plus provocants les uns que les autres. Ce ne sont pas les hommes qui ont enfilé à ces dames ce qui leur reste de robes, elles ont elles-mêmes choisi leur (manque de) tenue ! Ce ne sont pas des hommes qui ont choisi de botoxer leur bouche et de les dérider. On se trouve là dans un jeu à deux où la provocation est mutuelle.

Et maintenant on monte en épingle les accusations d’une femme, fille d’un politicien qui a grimpé à tous les râteliers (ça n’a rien à voir, mais les cultures familiales, ça existe!), qui se dit écrivaine, et qui accuse un ancien ministre d’attouchements lors d’un spectacle à l’opéra. Huit ans plus tard, un fait isolé et invérifiable. Pour quoi? dans quelle intention?

On en arrive à cette situation désolante où tout s’emmêle, où on ne va plus pouvoir distinguer le faux du vrai, le futile du dramatique.

Et finalement, aussi, il faut bien remarquer que lorsque ce sont de « petites gens » qui sont victimes, et de réelles victimes, le problème n’est pas pris en considération. Pire que ça, le plus souvent elles se font humilier si elles se plaignent. Ce n’est que lorsqu’on est dans le monde des « stars » que tout d’un coup, et une fois de plus, les projecteurs se mettent à s’allumer.

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5 commmentaires à “Harcèlement chez les people”

  1. André Sauzeau 22 octobre 2017 at 16:34 #

    Le déferlement médiatique après l’affaire Weinstein et les thèmes idéologiques qu’il charrie méritent assurément examen critique. Celui de Bernard Walter est contestable, en particulier lorsqu’il écrit « Mais quand même, voyez-les, ces “stars” du cinéma ! A Cannes, à moitié à poil, dans des accoutrements plus provocants les uns que les autres ». Ceci certes devrait interdire à ces dames de jouer les effarouchées, mais ne devrait pas leur ôter la liberté de leur vie privée, et n’implique pas que des producteurs de cinéma puissent conditionner des emplois à des faveurs sexuelles. La loi doit protéger la strip teaseuse envers tout abus de pouvoir de son employeur, tout autant que la secrétaire ou la comptable de cet employeur.

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    Christian Campiche 28 octobre 2017 at 10:10 #

    Adolescent, j’ai reçu une lettre de mon professeur de français qui me faisait part de son amitié. Mes parents s’en sont inquiétés et m’ont mis en garde. L’affaire s’est terminée là. Les toutes jeunes aspirantes-actrices qui se rendaient dans la villa avec piscine et apéritifs bien corsés d’un producteur à Hollywood se rendaient-elles compte qu’elles couraient certains risques en se jetant dans la gueule du loup? Leurs parents étaient-ils au courant? L’éducation est le maître-mot. Une fois que le délit est commis, la loi et la morale affichée sur la scène publique ne réparent pas le mal.

  3. Bernard Walter 29 octobre 2017 at 08:05 #

    Hollywood et Cannes sont des lieux emblématiques d’une société décadente qui cultive activement les valeurs d’argent et de réussite à tout prix. Un monde où la concurrence est impitoyable, où tous les coups sont permis, où les candidats à la célébrité sont tellement préoccupés par leur avancement personnel que l’opportunisme dicte grandement leur conduite. “Si elle veut le rôle, il faut qu’elle y passe”. “Si je veux le rôle, il faut bien passer par là”. “Si je dis quelque chose, je m’expose à rater ma carrière”. Et alors quand tout d’un coup, après des années, un truc sort, alors c’est la curée.
    Après Hollywood, c’est les milieux du cinéma français qui sont passés par ce déballage.
    Et puis lorsqu’on a quitté le milieu du cinéma, qui devient, comme par hasard, la cible privilégiée visée par cette frénésie de révélations ? Tariq Ramadan ! Comment s’en étonner, dans le contexte de propagande actuelle contre l’islam ?
    La condition des femmes ordinaires va-t-elle changer pour autant ?
    La condition des domestiques soumises au bon vouloir de leur employeur va-t-elle changer ? A-t-on jamais entendu leur voix ? Leur voix, va-t-elle être entendue ?
    Ce sont des questions que les médias dominants ne se donnent pas la peine de poser sérieusement.

  4. Bernard Walter 31 octobre 2017 at 10:26 #

    Et maintenant, c’est les “artistes, administratrices, assistantes, curatrices, critiques d’art, directrices, éditrices, étudiantes, galeristes, chercheurs, stagiaires et universitaires travaillant dans le monde de l’art contemporain” qui entrent en scène comme victimes de la prédation mondiale de l’engeance mâle (voir Franceinfo du jour).

    C’est une vaste opération mondiale faite par le haut.
    Qui croire ? que croire ?

    Le ton général était bien différent lors de l’affaire “du Sofitel”, et ce pour deux très bonnes raisons. D’une part la victime, Nafissatou Diallo, n’était que femme de chambre face à un grand de ce monde, et d’autre part la manipulation idéologique se faisait encore dans un autre sens. Et pourtant ce n’était pas si loin, six ans seulement ! Comme tout peut changer, si vite !)

    Voici ce qu’on peut lire en cherchant un peu sur Internet, et ce à propos de faits qui ne remontaient pas à des années en arrière, ils venaient tout juste de se produire ! :

    Le 6 juillet 2011, Élisabeth Badinter, proche de Dominique Strauss-Kahn, exprime sa colère contre certaines associations féministes et déclare qu’« on ne se sert pas d’une possible injustice pour faire avancer une cause ».
    Le journaliste Claude-Marie Vadrot estime, le 24 août 2011, sur Politis.fr, que la mise hors de cause de Dominique Strauss-Kahn « n’est pas une rebuffade vis-à-vis des femmes, au contraire, n’en déplaise aux couinements de quelques féministes qui n’ont rien compris ».
    Sur Causeur.fr, Élisabeth Lévy fustige les féministes pour qui « chaque mâle reste un violeur présumé ».
    Le 16 juin 2011, le philosophe Alain Finkielkraut « pourfend “le camp du bien” : gauche “bien-pensante”, droite “trop contente”, Américains donneurs de leçons et journalistes inquisiteurs, qui veulent en profiter pour “arracher le rideau de la vie privée” ».
    Et à propos de Nafissatou Diallo, la victime, un article assez récent du Figaro dit entre autres: “Opprobre et rumeurs s’étaient vite répandus. D’autant qu’un enregistrement d’une conversation téléphonique entre la femme de chambre et un homme emprisonné dans l’Arizona, présenté comme son petit ami, apparaissait dans la procédure. «T’inquiète pas, ce type a beaucoup d’argent. Je sais ce que je fais», aurait dit l’accusatrice de DSK”.

    Que tout ça est édifiant ! Comme cela donne à réfléchir !

  5. Bernard Walter 31 octobre 2017 at 14:24 #

    Il est à remarquer que dans la longue liste reproduite par Franceinfo, les chercheurs sont restés masculins… normal sans doute, puisque ce sont les hommes qui cherchent…

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