Sillonnant la Suisse une année durant, le bus de l’IOM Bern (Organisation internationale pour les migrations), s’arrête à Lausanne ce jeudi 2 novembre 2017 de 11h30 à 17 h, devant la Haute école de travail social et de la santé, chemin des Abeilles 14. Objectif: informer sur la traite des êtres humains dont les enfants.
PAR ANNE WAELTI
1,2 million d’enfants sont victimes, chaque année, de trafiquants, selon une information du Comité suisse pour l’UNICEF. Echangés comme une marchandise, ils sont destinés à l’adoption, à l’esclavage, la prostitution ou entrainés à la délinquance. Un commerce juteux qui aurait rapporté quelque 7 milliards en 2007. « Aujourd’hui, ce chiffre est plus élevé. En 2014, par exemple, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) estimait que le profit pour les trafiquants avoisinait 150 milliards de dollars », commente Géraldine Merz, collaboratrice scientifique politique à la Protection de l’enfance Suisse.
L’organisation présente dans le bus, propose au public une vidéo intitulée: la traite des enfants? Quel est le rapport avec la Suisse? Sous notre bannière, des enfants sont exploités, forcés à mendier, voler ou se prostituer, certains sont utilisés dans des ménages privés. La majorité de ces enfants sont « importés » d’autres pays et ne sont enregistrés nulle part. Chaque année 250 d’entre eux, aidés par des organismes de défense des victimes, parviennent à rompre leurs chaînes. Il est pourtant difficile de connaître l’ampleur des dégâts, Géraldine Merz en explique les raisons: « comme il s’agit de crime organisé, les inconnues sont énormes, nous ne connaissons que la partie visible de l’iceberg. En Suisse, c’est plus difficile car de nombreux cas (surtout les mineurs) n’appartiennent pas aux statistiques ».
En effet, il manque en Suisse des protocoles d’identification des victimes de la traite des mineurs et les professionnels ne sont assez pas formés. De plus, le recensement policier n’indique que les plaintes déposées. Difficile, dès lors, d’obtenir plus d’informations car la traite des êtres humains est un crime peu dénoncé: « les victimes sont souvent sous l’influence de leurs tortionnaires, elles ont peur de poser plainte et les mineurs, sous ascendant, ne se voient pas comme des victimes ».
En Suisse aussi, la traite des mineurs existe. Afin de garantir la protection que méritent tous les jeunes, Géraldine Merz explique qu’il faut améliorer la collecte des données, renforcer la coordination et les mécanismes de coopération. « Il est urgent de renforcer le volet de la prévention et développer une manière claire de procéder largement soutenue dans son application au niveau cantonal concernant les trois piliers suivants: la manière de procéder en cas de soupçon, l’accès à des mesures de l’aide aux victimes et la prise en charge avec des solutions valables et de manière durable. »
Et par-dessus tout, ne fermons pas les yeux.