L’été a du mal à s’imposer, à balayer la maussaderie d’un automne qui abuse nettement en jouant le temps complémentaire.
PAR PIERRE ROTTET
Moi qui pensais être accueilli à coups de rayons de soleil à Lima. Je dois déchanter.
A peine des promesses, des bribes de soleil, prometteurs malgré tout. A croire que le climat, dans ce coin du monde aussi, s’est fichu en rogne contre les hommes. Bref, ce n’est pas l’enchantement. Il est vrai que j’ai toujours été impatient.
J’avais quitté le Pérou en mai dernier avec, en actualité, au quotidien je veux dire, la corruption. Des mois et des poussières après, au quotidien toujours, la corruption accapare les médias. Par contre elle n’alimente plus les discussions qui nourrissent généralement le bon peuple. Désormais habitué, désabusé.
Bref. Une éternelle histoire, que cette corruption devenue un sport national au Pérou comme dans bien des ailleurs.
Tu l’as compris, ici pas de neige. Loin des congères, donc. Quoique… Tout compte fait, écrit en deux mots et au pluriel, avec un verbe… Et un «qui» entre les deux mots… Pour à la fin mieux qualifier la désastreuse façon qu’ont certains hommes d’empoigner les problèmes de ce monde.
Tiens, vu d’ici, la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël paraît surréaliste.
Perso, je me surprendrai toujours, pour ne pas dire que je m’indignerai toujours de la manière qu’ont nos politiques et nos médias de ménager à ce point Trump, Israël et, surtout, la politique de son chef guerrier Nétanyahou.
On met moins de gants, tellement moins n’est-ce pas? lorsqu’il s’agit de désigner à la vindicte populaire des Maduro, Kim Jong-un, ou autres leaders fantoches africains, cibles autrement plus aisées. Et surtout sans risque… N’est-il pas?
Non mais! Là, franchement. Tiens, j’ai ici sous les yeux une dépêche d’agence. Je cite: «La décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade des Etats-Unis pourrait affecter le processus de paix au Proche-Orient, a estimé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres». De quel processus vous parlez, Monsieur Guterres… Et dire que vous êtes Secrétaire général de l’ONU…
Tu lis? «Pourrait bien affecter le processus de paix». Pourrait. Non mais ça va le bocal? Je n’ai rien contre le bonhomme, mais il aurait mieux fait de se taire, M. Guterres, avec son conditionnel, pour sortir semblable fadaise, et d’abord pour oser croire qu’il existe une réelle volonté de paix dans cette partie du monde. Et surtout après une décision comme celle que vient de prendre M. Trump, qui ravit, tu t’en doutes, Nétanyahou et ses faucons.
Bon d’accord, il y a bien presque unanimité de par le monde contre cette décision, y compris à Paris et Bruxelles. En apparence tout au moins. Mais de cela, comme à l’accoutumée, Washington et Tel Aviv s’en beurrent. Et puis, vois-tu, je ne puis m’empêcher de faire le rapprochement entre l’annonce de Trump, qui précède de quelques jours à peine la visite de Nétanyahou à Paris et à Bruxelles, préparée, elle, de longue date. Comme sans doute l’a été la décision de Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Tu crois aux coïncidences, toi? Ce dont je suis sûr, en revanche, c’est que Nétanyahou s’est pavané à Paris et Bruxelles fort de la décision de Washington. Histoire de renforcer son image dans l’opinion de son pays. Comme s’il avait voulu prendre à témoin Paris et Bruxelles du fait accompli. Ce qu’il a du reste fait.
Là, je t’ai parlé de la réaction du Secrétaire général des Nations unies, Guterres. Le pompon du cynisme, je l’attribue à Nikki Haley, ambassadrice américaine auprès de ce même bastringue qu’est l’ONU.
La dame est-elle autant au courant de la situation au Proche-Orient, autant que Trump l’est des problèmes climatiques? Pense-t-elle ce qu’elle dit, l’inconsciente, en affirmant que la décision américaine va «aider le processus de paix» israélo-palestinien?
Il faut tout de même une sacrée dose d’ignorance ou de bêtise pour oser affirmer cela. De goût de la provocation, en tout cas. Comme si les adeptes de la violence ne se donnaient pas déjà assez de prétextes pour se déchaîner.