La Commission européenne vient d’adresser une lettre d’avertissement à British Airways, IAG, easyJet, Flybe, Jet2 et Virgin Atlantic, les informant qu’elles allaient perdre les droits de trafic originairement négociés avec chaque Etat de l’Union Européenne, dès que l’Etat britannique aurait quitté le bloc européen.
La missive leur a rappelé qu’elles perdraient non seulement leurs droits de trafic entre la Grande-Bretagne et l’Europe mais également les accords d’ « Open sky » au départ de l’Europe, comme, par exemple entre l’Europe et les Etats-Unis. De plus, d’autres droits de trafic seraient annulés, comme, par exemple, ceux préalablement négociés par l’UE pour des vols entre la Grande-Bretagne et d’autres pays tiers, les compagnies britanniques n’étant plus considérées comme appartenant à l’UE. Enfin, toutes les licences de transport accordées par l’aviation civile britannique ne seront plus valables pour l’UE, ce qui signifie qu’elles seront coupées du trafic intra-européen.
Si les compagnies britanniques ne veulent pas louper le coche, elles devront immédiatement entamer les tractations administratives pour que tout se passe en douceur en 2019, ce qui ne va pas être une mince affaire. En effet, il faut rappeler qu’en 1990, l’Union Européenne avait mis en place un système de marché aérien unique permettant à toutes les compagnies de l’Europe de voler entre elles, mais aussi d’assurer des liaisons à l’intérieur même d’un pays tiers membre de l’UE. On imagine que la grande partie des citoyens britanniques qui avaient voté pour le Brexit n’avaient aucune conscience de cet autre inconvénient de taille.
EasyJet a eu le nez fin en établissant une base européenne à Vienne en prévision du Brexit et n’est donc plus concernée pour ses lignes intra-européennes. Les autres transporteurs ne semblent pas encore avoir pris position. Ryanair, compagnie irlandaise, donc européenne, risque d’être directement concernée en raison des nombreuses liaisons entre l’Europe et le Royaume Uni qu’elle devra également renégocier. L’Association des aéroports internationaux britanniques s’est dite inquiète de la suite des opérations, remarquant qu’un passager aérien sur deux vole entre la Grande-Bretagne et l’UE.
Avant mars 2019, date effective fixée pour le Brexit, les compagnies britanniques auront donc du pain sur la planche pour renégocier leurs droits de trafic non plus avec l’Union Européenne, mais avec, selon un principe quelque peu archaïque, avec chaque pays individuellement, ce qui risque de prendre beaucoup de temps.
Voilà donc un autre dossier épineux que Theresa May aura bien des difficultés à gagner face à l’UE et, pourtant, elle devra s’y accrocher pour éviter une chute du trafic aérien britannique estimé à 41 % si aucun accord n’est trouvé. Une autre épine future dans le pied des compagnies de l’UK : les compagnies européennes membres d’un groupe britannique comme, par exemple Iberia, associée à British Airways, qui risqueraient aussi de souffrir de cette situation.
Gérard Blanc