Cap Canaveral, 15 décembre 2017. « En cas d’accident, évacuez immédiatement du côté ouest du building. »
Alors que nous sommes perchés à 160 m de hauteur sur le toit du fameux VAB, le bâtiment de la Nasa où sont assemblée les éléments de la navette spatiale, les ordres n’ont pas changé. En cas de pépin, donc d’explosion comme ce fut le cas le 1er septembre 2016 avec la fusée Falcon 9 (qui avait d’ailleurs détruit un satellite Facebook), il faut tout laisser tomber et se barrer a toute vitesse.
Cela dit, une fois sur le toit, le vaste panorama qui s’offre à nos yeux donne un sentiment qu’il ne peut rien arriver. Nous sommes comme des aigles à l’affût des tours de lancement qu’on distingue nettement au loin (nous sommes quand même à 5 km à vol d’oiseau). Et de cette hauteur, on distingue mieux l’allumage des moteurs.
Les choses ont bien changé. Autrefois, après chaque décollage, on pliait bagage au plus vite pour redescendre du toit. Maintenant notre attention se focalise davantage sur le retour du 1er étage de la fusée. On doit scruter toute l’étendue du ciel, la tête bien inclinée pour l’apercevoir. Et c’est seulement lorsque ses moteurs sont allumés générant comme une grosse étincelle, qu’on le distingue enfin. L’étage devient de plus en plus visible. On remarque au loin la trajectoire légèrement recourbée qui le mène à son point de chute. Une chute d’ailleurs parfaitement maîtrisée et, contrairement à un hélicoptère qui se pose comme un papillon, la descente d’un étage de fusée est telle une grosse flèche qui fait mouche !
Roland J. Keller, Cape Canaveral