Réduire la voilure n’est pas un modèle économique viable pour la presse


Transformation digitale, quel tournant pour le journalisme? Tel a été le thème de la première édition de Focus, journée spéciale organisée mercredi 28 mars 2018 par HEConomist, e-journal des étudiants HEC Lausanne.

Activités, animations et concours ont été ponctués par deux émissions radios ainsi qu’un débat. Interviewé dans l’après-midi sur les ondes de Fréquence Banane, l’émetteur du campus, par Johanna Massuyeau, rédactrice en chef de HEConomist, le journaliste Christian Campiche (image du haut captée sur vidéo page Facebook HEConomist), auteur du brûlot « La presse romande assassinée », a livré sa vision des choses. Le tout numérique ne saurait à lui tout seul monopoliser l’effort d’adaptation auquel la presse doit consentir. Le défi du journalisme est d’abord dans les têtes. Dans la volonté d’informer en s’affranchissant des contraintes de propagande. Aux Etats-Unis, les grands journaux engagent du monde à la centrale, ils soignent leurs correspondants à l’étranger au lieu de les rapatrier. Ce faisant, ils contentent les lecteurs qui trouvent leur compte dans la qualité du contenu. Le nombre des abonnés ne cesse de croître. Le contraire du modèle économique suivi par les grands éditeurs de Suisse, qui, pour obtenir des marges à deux chiffres, réduisent la voilure. L’information en pâtit, elle s’uniformise, les lecteurs se lassent, l’évolution aboutit à la mort de la presse.

Parce qu’elle donne des moyens aux éditeurs, la tendance à la concentration de la presse pourrait-elle s’avérer un facteur positif, comme l’a suggéré Philippe Amez-Droz, professeur de journalisme à Genève, l’invité du matin (image du bas captée sur vidéo page Facebook HEConomist). Non, répond Christian Campiche: la concentration de la presse nuit, par essence, à la diversité des opinions, moteur de la démocratie. L’avenir de la presse est donc dans la pluralité, encouragée par l’aide directe de l’Etat pour les expériences naissantes, sur papier ou en ligne, ainsi que pour le service public, radio-télévision et Agence télégraphique suisse. D’ailleurs la presse papier n’a peut-être pas dit son dernier mot. Pour augmenter ses chances de survie il lui faut mener de front deux objectifs: 1. redimensionner le nombre des pages pour l’adapter au manque de publicité; 2. maintenir, voire étoffer ses effectifs de journalistes qui pourraient se concentrer sur leur coeur de métier, l’information pertinente. Gage du retour des lecteurs, la qualité du contenu y gagnerait incontestablement.

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