Monnaie pleine, un chantier qui doit avancer avant la prochaine crise financière

Un Café philo à l’Ancienne-Gare de Fribourg a mis en scène Serge Gaillard, directeur de l’Administration fédérale des finances depuis 2012, et Sergio Rossi, professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, spécialiste en macroéconomie et économie monétaire.

PAR NARCISSE NICLASS

L’objectif: expliquer et vulgariser l’initiative Monnaie pleine. Nous sommes le seul pays à pouvoir voter sur un tel sujet. Les enjeux sont énormes mais la finance est occulte, c’est pourquoi nous avons choisi le camp du professeur. Espérons un territoire sans lobby?

Les subprimes, pratique douteuse dans le domaine des crédits hypothécaires aux USA, ont généré la crise qui a secoué l’économie mondiale en 2008. Dix ans après, les risques sont toujours les mêmes. La prochaine crise rode.

En définition, la monnaie est un outil d’intermédiation en relation avec des échanges de biens et services réels. Les banques en ont fait un moyen de spéculation en octroyant des crédits pour des opérations financières sans lien avec la production. Il est impossible de revenir à l’étalon-or abandonné en 1971. La rareté du métal précieux empêcherait le développement économique.

On peut encore s’inspirer de ce modèle et imposer une certaine discipline aux états et à leur banque nationale. David Ricardo, en 1844, avait déjà émis une solution en exigeant plus de transparence dans la comptabilité de la Banque d’Angleterre. Mais la puissance que nous avons donnée, au XXe siècle, aux milieux financiers fait que les émissions de monnaie scripturale ou bancaire se sont emballées. «Contrairement à ce que pensent la très grande majorité des gens et surtout des économistes, ce sont principalement les banques commerciales qui créent de la monnaie. Celle émise par la banque centrale ne représente qu’un très faible pourcentage de la masse monétaire», a affirmé Sergio Rossi lors d’une émission sur la TV tessinoise en 2017. En face Sergio Ermotti, directeur général de l’UBS a préféré passer pour un ignorant sur un plateau de TV. Il conteste ce fait évident en réaffirmant qu’en Suisse seule la Banque nationale (BNS) émet la monnaie. Son comportement est une manipulation évidente de l’opinion publique.

Une piste suggérée par Sergio Rossi dans « IROmag » (No 27) est limpide: «Au niveau national, les réformes monétaires doivent séparer explicitement, dans la comptabilité bancaire, l’émission monétaire de l’intermédiation financière. … Il faut empêcher que les banques puissent octroyer des crédits pour des opérations sur les marchés financiers s’appuyant sur des sommes de monnaie dépourvues de tout lien avec la production.» Notre professeur soutient l’initiative soumise au vote populaire. Toutefois, il l’a trouve un peu extrême car il y a risque de limiter fortement les possibilités d’octroyer des crédits aux entrepreneurs pour des projets. Il sait aussi que de telles idées révolutionnaires dans l’organisation de la finance et de la société ne passent jamais en votation avec la première mouture. Le travail est sur la table et l’initiative Monnaie pleine lance un débat de fond, nécessaire pour éviter une autre crise financière systémique.

Sergio Rossi précise que sur le plan structurel, il faut empêcher tout conflit d’intérêts des acteurs financiers. Les banques d’affaires actuellement se trouvent souvent/toujours des deux côtés de la même transaction financière. Pour éviter ce conflit d’intérêts, les activités des banques universelles devraient être traitées dans trois entités juridiques et opérationnelles séparées:

# une banque commerciale dont la réglementation sera très stricte, en échange d’une garantie publique des dépôts de la clientèle;
# une banque d’affaires permettant une prise de risques avec effet de levier limité et surveillée de près par les régulateurs;
# un fonds d’investissement pouvant mener des opérations hautement spéculatives, mais avec 100 pour cent de fonds propres.

Avec une telle structure trimodale, un risque systémique (to big to fail) est écarté pour l’ensemble de l’économie nationale. Il ne sera plus nécessaire de sauver l’UBS en une nuit. Banque commerciale, banque d’affaires et fonds d’investissement opéreront chacun sur leur marché sans jouer avec les vases communicants. La relation entre les engagements, les réserves, les risques seront plus transparents. Les unités de monnaies émises par la banque centrale permettront ainsi de mesurer objectivement la production en terme économique. Le chantier doit avancer avant la prochaine crise financière. L’horizon est barré.

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15 commmentaires à “Monnaie pleine, un chantier qui doit avancer avant la prochaine crise financière”

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    François Meylan 6 avril 2018 at 17:58 #

    Je ne crois pas que cette initiative puisse corriger les mécanismes qui mènent aux dérives que l’on a connues et l’on connaîtra encore. Certes, il est demandé par beaucoup de rendre le système financier plus stable. Depuis des décennies, la masse monétaire croît davantage que l’économie réelle. De plus en plus d’argent gonfle la bulle financière au lieu d’être injecté dans l’économie réelle. Le capital l’emporte sur la valeur travail. Cela forme des bulles. Cela pourrit aussi totalement notre sytème libéral. On a encore souvenir de la crise immobilière qui a éclaté aux Etats-Unis en 2006 et a causé la crise financière de 2007/2009.
    Les initiants voient dans la création excessive d’argent par les banques l’une des causes majeures de cette crise. On veut alors endiguer la création de monnaie par des banques et confier cette responsabilité à la Banque nationale suisse (BNS). D’après les arguments de l’initiative, ce changement de système ne présenterait que des avantages pour la société: l’argent déposé sur les comptes de paiement serait sûr, puisqu’il proviendrait directement de la BNS. De plus, l’institut monétaire pourrait mieux contrôler la masse monétaire et répartir directement la monnaie qu’elle aura créée entre la Confédération, les cantons et les habitants du pays. La BNS ferait des bénéfices qui reviendraient aux pouvoirs publics. Le défaut de l’initiative est qu’elle vise, une fois de plus, à côté de la cible. Ce n’est pas la création monétaire le problème. Mais les pratiques commerciales des banques impliquées. Orientées vers le profit à court terme, elles accordent des crédits avec des garanties insuffisantes et à des fins spéculatives. La transformation du système monétaire avec un monopole d’Etat pour la création d’argent, comme l’exige l’initiative, ne changerait rien à ce mécanisme. D’accord, les dépôts à court terme de la clientèle sur les comptes de virement et les comptes courants des banques ne pourraient plus servir à octroyer des crédits; ils seraient mieux protégés qu’aujourd’hui en cas de faillite bancaire. Cependant, les banques disposeraient toujours d’assez d’autres sources de financement pour faire des affaires visant le profit à court terme, en prenant des risques et au mépris d’un développement socialement responsable. La nationalisation de la création de monnaie n’empêcherait pas de futures crises financières. Le souci n’est pas la création d’argent. C’est l’emploi spéculatif qu’en on fait. Vu ce qui précède, le changement de système proposé par l’initiative concerne tout particulièrement la Banque nationale suisse. L’amalgame fait entre politique fiscale et politique monétaire fait perdre à la BNS son indépendance et, du même coup, une partie substantielle de ses moyens. D’autre part, l’initiative laisse entrevoir des bénéfices conséquents provenant de la création d’argent en faveur des pouvoirs publics. Ces bénéfices ne sont envisageables que si l’économie et, par conséquent, la masse monétaire nécessaire s’accroissent constamment. Que se passera-t-il si la situation s’inverse ? BNS devrait réduire la masse monétaire, par exemple en raison d’une surchauffe de l’économie. Cela obligerait l’Etat à verser de l’argent à la BNS, notamment en augmentant les impôts.
    Il existe d’autres solutions qui comportent moins de risques et sont réellement applicables. Renforcer les prescriptions relatives au taux d’endettement maximum (Leverage Ratio ) des banques. La FINMA exige actuellement des banques d’importance systémique un taux d’au moins 5%. Un taux compris entre 10% et 20% serait plus indiqué. En fonction de l’importance du risque inhérent au modèle commercial propre.
    La régulation bancaire actuelle vise la diminution à court terme des risques financiers. Et elle ne tient pas compte des aspects sociaux et écologiques, qui agissent à long terme sur la stabilité du système financier. Il est donc nécessaire de mener une discussion politique approfondie sur les objectifs de la régulation. Le législateur, de même que les autorités nationales et internationales de surveillance des banques sont en mesure de lier davantage la régulation du secteur financier avec un développement durable de l’économie et de la société. Ce sont les mentalités qu’il s’agit d’éduquer et non d’alourdir d’avantage l’arsenal législatif déjà trop gras.

  2. Jean-Marc Heim 7 avril 2018 at 14:23 #

    M. Meylan nous dit que « ce n’est pas la création monétaire le problème. Mais les pratiques commerciales des banques impliquées. » Pourtant il ne conteste pas que ce sont bien les banques qui créent notre monnaie. Comment donc concevoir que des institutions orientées vers leur profit à court terme puissent en même temps gérer la masse monétaire dans l’intérêt général ? Il y a là un conflit d’intérêt évident.
    L’initiative Monnaie pleine ne veut pas et ne pourra pas empêcher les crises bancaires. Son objectif est que ces crises ne mettent plus en danger notre argent et le trafic des paiements. Plutôt que vouloir sauver les banques, l’initiative propose de sécuriser l’argent. Et il n’y a qu’une seule façon simple de le faire : séparer la création monétaire du commerce bancaire. Les spéculations risquées des banques auront alors moins d’incidence sur l’ensemble de la société. D’autre part, le fait que les grosses banques, qui prennent le plus de risques, ne bénéficient plus de la garantie d’être sauvées par l’Etat les rendra évidemment plus prudentes qu’aujourd’hui.
    Le système monétaire actuel fait dépendre l’ensemble de la société de la santé économique des banques commerciales. En séparant la création monétaire du commerce bancaire, l’initiative permet d’avoir une infrastructure monétaire solide, malgré les comportements risqués des acteurs financiers. Elle offre également à la BNS un moyen efficace de prévenir et éviter les crises pro-cycliques par le contrôle de la masse monétaire. Ce faisant, la monnaie pleine n’empêche pas d’adopter d’autres mesures agissant directement sur l’emploi spéculatif de l’argent.
    M. Meylan fait un amalgame entre politique fiscale et politique monétaire, qui ne ressort nullement du texte de l’initiative Monnaie pleine. Il n’est en effet pas question de donner à la Confédération et aux cantons le droit d’obtenir des recettes de la création monétaire. Seule la Banque nationale peut décider, en toute indépendance, de la quantité d’argent nouveau qu’elle émettra et si elle le fera par une distribution sans dette aux collectivités publiques ou par le biais de crédit aux banques. Le principe selon lequel la BNS remet deux tiers de son bénéfice aux cantons est déjà inscrit dans la Constitution (art. 99 al.4) et n’a pas jusqu’à présent compromis l’indépendance de la BNS. On ne voit pas en quoi la monnaie pleine ne lui permettrait plus de faire face aux pressions politiques, comme elle a su le faire jusqu’à présent.
    Contrairement à ce qu’affirme M. Meylan, la BNS pourra réduire la masse monétaire, en cas de besoin, sans devoir demander à l’Etat de lui restituer de l’argent par le biais de l’impôt. Seule la partie incompressible de la masse monétaire, estimée par les initiants à 300 milliards, devrait être mise en circulation sans dette. La BNS pourra émettre le reste par des crédits aux banques, ce qui lui permettra d’ajuster finement et immédiatement la quantité d’argent en circulation, notamment pour la diminuer.
    M. Meylan propose la solution du renforcement des fonds propres des banques. Actuellement exigés à 5%, il estime que 10 à 20% serait indiqué. De l’avis de nombreux experts, dont un professeur et ex-collaborateur de la BNS (M. Adrian Bruhin), il faudrait au moins 30% pour avoir une garantie correcte. Or, il se trouve que le parlement vient de rejeter massivement en décembre 2017 un contre-projet proposant un ratio à 10%. Il faut admettre qu’il n’y a aucune volonté politique, tant à gauche qu’à droite, de toucher à l’empire bancaire. M. Meylan, avec ses arguments non fondés et ses craintes imaginaires, semble aussi faire allégeance aux mêmes intérêts.
    C’est la raison pour laquelle des citoyens se responsabilisent en proposant avec l’initiative Monnaie pleine une mesure simple pour que le minimum de protection que l’on peut exiger légitimement dans une démocratie soit respecté : le droit pour tout le monde de rester propriétaire de son argent déposé sur un compte électronique. C’est précisément ce qu’offre l’initiative Monnaie pleine. Qu’y a-t-il de dangereux à cela ?

  3. Mario Jelmini 7 avril 2018 at 15:57 #

    Excellente réponse de M. Jean-Marc Heim. Suis curieux de lire ce que M. François Meylan trouvera à lui répliquer…

  4. Julien Bottini 7 avril 2018 at 16:02 #

    Les propositions de Monsieur Meylan de « Leverage Ratio » ne sont malheureusement pas d’actualité et ne feraient que « limiter » les dégâts d’une économie déjà depuis longtemps « toute puissante » et in-maîtrisable, notamment par la dette infinie et perpétuelle.
    De mon point de vue, La régulation financière n’est malheureusement pas l’outil miracle.

    Comme vous l’avez fait remarquer dans le fait de ne pas prendre en compte les aspects sociaux, sociétaux et écologiques, c’est TOUT le système économique et son fondement dit scientifique qu’il faut remettre en question. Malheureusement, l’initiative Monnaie Pleine n’a pas cette prétention.

    Elle pose simplement la question suivante: « qui doit créer la monnaie,? des organismes privés, ou la BNS? »

    J’ai bien conscience que ce n’est qu’un déclic insignifiant dans ce ras-de-marée économique mais elle a au moins le mérite de commencer par ce sujet fondamental qui est la création monétaire d’aujourd’hui et surtout de demain.

    Merci pour cette richesse d’information et de point de vue.

    Meilleures salutations

  5. Muller Jean-Francis 7 avril 2018 at 16:58 #

    M. Meylan oublie de parler d’un autre élément important dans la création monétaire : le droit de seigneuriage. En clair, quand les banques commerciales créent la monnaie dans le système actuel, elles encaissent le droit de seigneuriage. On peut légitimement se demander au nom de quoi un acteur privé encaisse les dividendes d’un bien commun ? Parce que la monnaie est un bien commun, un droit régalien. Comment avons-nous pu admettre qu’il puisse être ainsi détourné au profit de la finance et des banquiers ?
    Tout cela a été possible par la mainmise des banques sur la politique. En France, Macron et Pompidou sont des anciens de Rothschild. Mario Draghi, président de la Banque centrale Européenne est un ancien de chez Goldman Sachs qui a aussi employé l’ancien président de la commission européenne, José Manuel Barroso. En Suisse, on est beaucoup plus discret, mais il est clair que les grandes entreprises et le monde de la finance oeuvre en coulisse pour faire échouer l’initiative et on ne peut que s’étonner du fait que les parlementaires n’aient pas plus soutenu l’initiative Monnaie Pleine… Enfin, si l’on continue de croire qu’ils sont à l’abri des influences. Surtout au moment des campagnes. Et quand c’est un banquier qui le dit : http://www.vcu.ch/extranet/mit/debatten/Debatte%20Nr.%2065%20franzoesisch.pdf

    La Suisse est en mesure d’envoyer un signal fantastique au monde et sans doute de le sauver d’une crise majeure. Elle a cette chance que beaucoup lui envient d’avoir la démocratie directe et de pouvoir lancer des initiatives qui questionnent sur des problèmes de fond. Et là, la Suisse montre du doigt le plus fantastique hold-up de l’histoire : celui du monde de la finance sur notre argent. Quand on est banquier, il ne sert à rien de braquer une banque, il suffit de créditer le compte de banque… Bravo la Suisse de rétablir la vérité et de changer le système. Si l’initiative passe, vous aurez la monnaie la plus sûre du monde !

  6. Nicolas Crettenand 7 avril 2018 at 19:15 #

    La question centrale de l’initiative Monnaie pleine est: Qui doit créer nos Francs Suisses? La Banque Nationale Suisse ou les banques commerciales privées? Une entité démocratiquement légitimée et qui doit servir l’intérêt public ou des entités privés qui serrent leurs intérêts privé?

    Aujourd’hui, les banques commerciales privées créent l’argent scriptural qui représente 90% de la masse monétaire. C’est une des cause de l’endettement de notre société qui n’est ni durable, ni juste par rapport aux générations futures. Monnaie pleine y remédie.

  7. christiane betschen-piguet 7 avril 2018 at 21:58 #

    A mon avis, le problème le plus grave qui résulte de la situation actuelle, c’est que le fonctionnement du système bancaire tel qu’il est aujourd’hui est basé sur le prêt et l’intérêt de la dette, ce qui pousse à toujours plus de croissance économique. Et ce toujours plus de croissance économique, on voit où cela mène notre planète !

  8. Micaël Masse 7 avril 2018 at 23:01 #

    Excellente réponse de Monsieur Jean-Marc Heim.

    Comme Monsieur Nicolas Crettenand le mentionne, la question essentielle reste morale et politique :
    Qui devrait créer l’argent ?
    Les banques commerciales (souvent possédées par des intérêts étrangers ) ?
    OU
    Un organisme d’État tenu par l’intérêt des citoyens suisses ?

    Il serait temps que la Suisse regagne la souveraineté de sa monnaie au lieu de laisser la majorité des pouvoirs de création monétaire dans les mains des banques commerciales. Elles sont bien contentes d’avoir ces milliards de bénéfices tous les ans, sans compter les immenses avantages qui viennent avec (manipulation des marchés, avantages spéculatifs, décider qui reçoit de l’argent (monopole de création ))

    L’initiative ne protège peut-être pas contre les crises financières, mais elle protégera l’argent de ceux qui ne désirent pas jouer au Casino. Si la Suisse n,a plus à sauver les banques, car la monnaie électronique est garantie, les banques commerciales seront immédiatement plus prudentes.

  9. Christian Lecerf 8 avril 2018 at 10:53 #

    Interroger le peuple sur une question aussi technique à laquelle peu de gens comprennent quelque chose montre à mon avis les limites de la démocratie directe. Ce serait intéressant de se livrer à des « micros-trottoirs » pour connaître l’opinion de l’homme et de la femme de la rue…

  10. Bernard Walter 8 avril 2018 at 11:31 #

    Effectivement, je ne m’y entends pas en matière financière, et je n’ai pas l’intention de m’y mettre vraiment. Mais la Méduse permet d’apporter une précieuse contribution à toute cette question monétaire qui a des implications mondiales.
    Et j’en ai compris assez pour voter résolument en faveur de cette initiative Monnaie pleine qui ouvre la porte à un début de remise en ordre salutaire de tout ce système.
    Allons-nous continuer à payer des dizaines de milliards pour « sauver » des grosses banques, et pour que l’on recommence comme avant, comme si de rien n’était, en attendant la débâcle suivante ?

  11. Christian Lecerf 8 avril 2018 at 18:38 #

    Personnellement, je ne crois pas que l´on puisse répondre par OUI ou par NON à des questions aussi complexes. Je suis moi-même embarrassé car ma concierge me demande si l´émission de monnaie scripturale par les banques commerciales constitue vraiment un risque pour l´augmentation de la masse monétaire (qu´elle appelle d´ailleurs M2) et pour l´économie du pays… Que répondre à cette brave femme qui n´en dort quasiment plus la nuit ?

  12. Angelo Guarino 8 avril 2018 at 20:06 #

    Je viens de voir un documentaire de la TSR sur le sauvetage de l’UBS en 2008, édifiant !

    Quand les chantres de l’anti-initiative sortent leur beaux arguments et leur langage savant, ils ne se doutent pas, ou alors ils font l’autruche, que chaque jour, de plus en plus de gens dans la population prennent conscience de l’immoralité génétique du comportement des grandes banques.

    Quand M. Roth argumente que le système est sûr et fiable, que les autorités de contrôle font bien leur travail, et que parallèlement, j’apprends via le documentaire cité plus haut, que Brady Dougan, ex-CEO d’UBS, qu’on voit reconnaître sa responsabilité et s’excuser platement devant le sénat US dans l’affaire d’évasion fiscale, est aujourd’hui directeur de la FINMA.
    Quand je vois que son prédécesseur à la FINMA est maintenant au Crédit Suisse, que ces banques ont recyclé l’or juif durant la guerre, financé le nazisme, abrité des fonds dictatoriaux, organisé l’évasion fiscale à une échelle industrielle, je ne puis m’empêcher de penser que le Parlement, le CF et les partis sont soit naïfs, et là c’est grave, soit complices et là c’est pire.
    Disons que c’est un mélange des deux, et que la presse est complice.

    Alors quand M. Meylan écrit
    « Le législateur, de même que les autorités nationales et internationales de surveillance des banques sont en mesure de lier davantage la régulation du secteur financier avec un développement durable de l’économie et de la société. Ce sont les mentalités qu’il s’agit d’éduquer… ».
    j’ai envie de lui demander s’il croit sincèrement à ce qu’il écrit ou si c’est une blague ?
    Parce que s’il y croit vraiment, ce qui m’étonnerais, il doit être bien naïf lui aussi…
    Les banques ne feront rien si elles n’y sont pas contraintes. C’est un fait, vérifié, historique.
    La meilleure preuve: Elles se sont accaparé la souveraineté monétaire à la faveur d’un vide juridique !

    Comment qualifier le fait d’oser prétendre le contraire ?
    Je pense plutôt que ce ne sont là que fumerolles destinées à (se ?) masquer la réalité.

    L’initiative Monnaie Pleine est une initiative citoyenne, elle a nécessité six ans de travail, de préparation, elle est appuyée par toutes sortes de gens, de toutes les sensibilités politiques, certains sont brillants, des professeurs émérites, des entrepreneurs.
    Au moment de son dépôt, elle est soutenue par au moins 112’000 citoyens, bien plus aujourd’hui. De simples citoyens qui n’en peuvent plus d’être pris pour des vaches à lait et pour des cons.
    Il y a même depuis peu une banque saint-galloise !
    J’attends celui qui osera argumenter quelle émane d’une secte.
    Sera t-elle suivie par d’autres ?

    En termes de financement de campagne en revanche, c’est le pot de terre contre le pot de fer.
    Les banquiers le savent, ils ne peuvent s’empêcher d’afficher leur arrogance, sous couvert de complaisance.

    Malgré cela, cette initiative a le potentiel de bousculer profondément le système.
    Cela leur fait tellement peur, qu’ils ne trouvent rien d’autre à faire que d’organiser des séances « d’information » et d’écrire des articles afin de diffuser tous azimuts mensonges et faussetés, sans même se rendre compte à quel point ils se ridiculisent.

    Ce qui joue en leur faveur, c’est qu’une grande part de la population doit fournir un effort important pour y voir clair, décrypter ce qui est la réalité de ce qui est un écran de fumée, accepter la vérité: OUI les banques cééent la monnaie à partir de RIEN.
    Et il est temps que cela cesse !

    Quand en 2016 M. Roth, invité par le journal Le Temps, écrivait que le crédit bancaire est financé par les comptes d’épargne et de dépôt, je me dis qu’il mériterait une loi contre les méga-fake-news rien que pour lui.

    Aujourd’hui alors qu’il n’ose plus nier le fait, je me demande ce qui lui a fait changer de discours ? si ce n’est qu’il trouve en face de lui de plus en plus de gens qui ne s’en laissent plus conter.

    Grâce à cette initiative, qu’elle passe ou pas le 10 juin, la population sera moins naïve.

  13. Samuel Manelli 8 avril 2018 at 21:00 #

    « Ce n’est pas la création monétaire le problème. Mais les pratiques commerciales des banques impliquées. Orientées vers le profit à court terme, elles accordent des crédits avec des garanties insuffisantes et à des fins spéculatives. » (cit. M. Meylan)

    Cette phrase est tout bonnement hallucinante de mauvaise foi. C’est comme dire que ce n’est pas le virus du SIDA le problème mais les millions de gens qu’il tue. Si elles accordent des crédits avec des garanties insuffisantes, c’est bien parce qu’elles peuvent créer de la monnaie, donc c’est un problème de création monétaire.

    A part tout ce qui a déjà été dit, affirmer que l’initiative veut donner le monopole de la création monétaire est au mieux diffamatoire. En effet, elle veut lui donner le monopole de la monnaie légale. Nous sommes pas en URSS, l’article 99 al 3 le précise. D’ailleurs l’initiative sépare les comptes courants (M1) traités hors bilan, des comptes d’épargnes (M2), qui eux ne seront pas sécurisés.

    Il convient donc de lire le texte de l’initiative comme suit: nous aurons le choix entre (1) placer notre argent sur un compte non rémunérateur en monnaie légale et (2) placer notre argent sur un compte rémunérateur en monnaie privée.

    Il est clair que la masse monétaire hors comptes courants permettra toujours et encore aux banques de faire de mauvais placements, mais la masse des comptes courants, elle, sera protégée, ce qui implique que la banque devra à elle seule assumer la responsabilité de ses actes.

    En ce qui concerne les bénéfices conséquents potentiellement redistribués et le risque de politisation de la banque centrale, monnaie pleine n’apporte rien de nouveau. La BNS viole déjà la constitution en plafonnant la redistribution de son bénéfice au détriment de l’art 99 al 4 de la constitution. Par ailleurs, elle-même admet que le seigneuriage et le bénéfice de la banque centrale sont une recette que l’Etat peut revendiquer légitiment, sans crainte d’inflation, quel que soit le montant (https://www.snb.ch/fr/mmr/reference/quartbul_1998_4/source/quartbul_1998_4.fr.pdf). Alors oui, il est dit que si le montant reversé est trop conséquent, il y a risque de faire dévier la banque centrale de sa politique monétaire optimale, mais cette phrase n’est que spéculation et n’a visiblement aucune valeur scientifique.

    Exemple très simple, si Genève a un budget d’environ 8 milliards et que tout à coup la BNS lui en reverse 3, pour qu’elle raison la canton devrait passer son budget à 11 milliards plutôt que d’alléger les charges fiscales en conséquence? A moins qu’on admette que nos élus sont tous corrompus et qu’ils n’ont aucun sens civique.

  14. Angelo Guarino 8 avril 2018 at 21:02 #

    M. Lecerf,
    pour répondre à vos questions, je vous suggère de conseiller à votre concierge d’aller sur le site de l’initiative et si elle n’a pas internet, de le faire avec elle.

    http://www.initiative-monnaie-pleine.ch/info-en-2-minutes/

    Il y a des explications de plusieurs niveaux, ça va de simple à complet, il y a aussi des vidéos. C’est une mine d’informations, fiables qui plus est.
    Cordialement !

  15. Niclass Narcisse 8 avril 2018 at 21:28 #

    Ne soyons pas trop intellectuels. Il est certain que le peuple se fait manipuler et aura peur de changer le système établi MAIS si nous mettons en place déjà la solution trimodale proposée par Sergio Rossi, ce premier pas sera une réelle avancée dans l’organisation de notre système financier et bancaire. Qui peut être contre cette solution pratique, simple et logique? L’étape du 10 juin est importante pour faire réfléchir et partager les bonnes idées qui nous libéreront de l’esclavage de la finance anglo-saxonne.

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