Autoritaire, mégalomane, corrompu, démagogue, médiaphobe, xénophobe, populiste, nationaliste, anti-mondialiste, anti-FMI, anti-européen, anti-migrant, anti-tout. A quel qualificatif a échappé Viktor Orban? A lire les médias mainstream, le Premier ministre hongrois rassemble tous les défauts de la terre. Tenez-vous bien, il entretient même le rêve d’une « Grande Hongrie ».
Les Hongrois, qui l’ont plébiscité pour la troisième fois, sont-ils aveugles, fous, suicidaires?
Ou bien sont-ils tout simplement las de subir un destin géopolitique imposé, eux qui se sont fait tant de fois rouler dans la farine.
Leur pays, la Hongrie, s’est formé de manière pragmatique aux portes de la chrétienté. Jusqu’à devenir le symbole de la défense de l’Occident face à l’expansionnisme ottoman. La Hongrie ne fut vraiment « grande » que durant le règne du roi Mathias dit le Corvin, au 15e siècle. Puis elle subit trois occupations successives – turque, autrichienne et russe – jusqu’à la chute du mur de Berlin avec une parenthèse – brillante, il est vrai – entre 1870 et la funeste année 1920, date à laquelle elle perdit les deux tiers de son territoire du fait d’une poignée de signatures sur un parchemin. Trois millions de Hongrois de souche vivent aujourd’hui dans quatre ou cinq pays environnants.
La « Grande Hongrie »? Une notion à relativiser. Que diraient les Français si leur pays se trouvait réduit à l’île de France, au Val de Loire et à la Normandie?
Dans l’affaire des migrants, il faut connaître l’histoire avant d’affirmer que la Hongrie est peuplée d’égoïstes. Ce petit pays n’a pas de colonies, il n’organise pas d’opérations militaires en Afrique ou au Proche et Moyen-Orient. Il constate seulement que les belligérants, les grandes puissances, souhaiteraient se défausser sur lui et une partie de l’Europe des dizaines de milliers de réfugiés dont ces mêmes va-t’en-guerre provoquent la fuite au nom de la raison pétrolière et du commerce des armes.
Au lendemain du triomphe de Viktor Orban, les médias semblent groggys. Honteux, l’espère-t-on, de s’être souvent trompés sur toute la ligne. Quand ils n’ont pas péché tout simplement par la caricature et le dénigrement, petit jeu auquel la presse française mainstream excelle. Contre Orban, elle a été jusqu’à utiliser l’accusation d’antisémitisme un procédé dont elle est friande pour discréditer un trublion ou une personnalité gênante – des politiciens de gauche tels que Jérémy Corbin et Jean-Luc Mélanchon, des intellectuels comme Alain Finkielkraut et Daniel Schneidermann en ont fait les frais.
Viktor Orban, antisémite parce qu’il demande à George Soros de s’occuper de ses oignons? Que dirait la Suisse si tel milliardaire américain venait financer sur son territoire des manifestations appelant à l’ouverture totale des frontières?
Christian Campiche
Oui mais… au classement mondial de la liberté de la presse, la Hongrie ne cesse de perdre des places : elle pointait, en 2017, à la 71e place.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/10/hongrie-apres-la-fermeture-de-plusieurs-medias-la-presse-d-opposition-en-voie-de-disparition_5283523_3214.html#QFjpRWBUXeQaOm86.99
Oui Lecerf…
Bon, en même temps, en 2017 effectivement, après la Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Pays-Bas, Costa Rica, Suisse, Jamaïque, Belgique, Islande, Autriche, Estonie, Nouvelle-Zélande, Irlande, Luxembourg, Allemagne, Slovaquie, Portugal, Australie, Suriname, Samoa, Canada, République tchèque, Namibie, Uruguay, Ghana, Cap-Vert, Lettonie, Espagne, Chypre (République de / pays reconnu par l’ONU), Afrique du Sud, Liechtenstein, Chili, Trinité-et-Tobago, Andorre, Lituanie, Slovénie, États de la Caraïbe orientale…arrivait enfin, soit en 39ème place quand même, la FRRONCE, pays des Lumières et des Droits de l’homme, comme s’en gargarisent certains philo-intello-médiatiques.
En réalité, la France est le pays de la Déclaration des droits de l’homme en 1789, qui compte ensuite à son actif la colonisation de l’Algérie en 1830 !
Alors peut-être à d’autres…les leçons françaises …
Personnellement, j’ai trouvé cet Edito sur la Hongrie très intéressant, n’en connaissant effectivement que ce que les médias, français en particulier, en rapportent.
Du coup, cherchant un peu sur Internet, je découvre « Le mot de l’ambassadeur de Hongrie en France Georges Károlyi » ici :
https://twitter.com/patrick_edery/status/983343372432822273 puisqu’il ne peut pas, selon ses dires, s’exprimer dans les colonnes du Monde.
En revanche, j’émets une forte nuance sur la fin de cet Edito, car Alain Finkielkraut est selon moi plutôt toujours le constant distributeur de mauvais points – quant aux accusations d’antisémitisme – que l’accusé !
Voilà à quoi ressemble la liberté de la presse en France:
https://www.francetvinfo.fr/politique/notre-dame-des-landes/en-vingt-ans-de-carte-de-presse-je-n-ai-jamais-vu-ca-a-notre-dames-des-landes-les-journalistes-coinces-entre-zadistes-et-gendarmes_2697214.html
Oui, Laurette, c´est gentil à vous de taper sur la France… mais ce n´est pas le sujet de l´édito. La presse hongroise se réduit comme peau de chagrin et personne ne peut s´en réjouir. Ceci étant dit, c´est votre droit de trouver que Viktor Orban est l´homme idéal pour diriger ce pays.
Laurette a raison, le sujet de l’édito n’est pas l’opinion que l’on se fait de M. Orban mais la manière déformante de travailler de certains médias. Ce que la presse étrangère publie sur la Hongrie relève souvent des « fake news ». Je fais la même constatation quand je lis ce que l’on écrit sur la Suisse.
Eh bien, cher Christian, je suggère que La Méduse ouvre prochainement une rubrique « Fake news » (comme Info/Intox de Libération) sur la Suisse, la Hongrie…. et la France.
Pour qui comprend l’allemand, ou comment la presse suisse a joué au poker avec l’élection en Hongrie… et a perdu.
https://www.infosperber.ch/Artikel/Medien/Ungarn-Wenn-Fehlprognosen-zu-Wahlkommentaren-geraten
Pour Laurette : Lorsqu’un journal accepte un entretien avec un ambassadeur, ce n’est pas pour que ce dernier fasse l’apologie du gouvernement qu’il représente. C’est toujours pour évoquer soit des problèmes bilatéraux, soit des dossiers multilatéraux, soit encore les deux. Il y a donc fort à parier que le journal Le Monde n’a pas accepté l’idée que le représentant de Budapest à Paris se cantonne à la seule promotion du régime qui l’a nommé à ce poste important… et que Son Excellence s’en trouvât contrariée.
Mon Cher Christian,
Enfin une bouffée d’intelligence dans la bêtise et l’inculture ambiantes!
Merci infiniment!
C’est l’horreur, ce président, il est antidémocratique. Les gens ont voté pour lui afin de ne pas perdre leur emploi. C’est une menace de dictateur. Malheureusement ce genre d’élection est courante… non seulement dans les pays de l’Est européen.
Soyons vigilants chez nous en Suisse. Ce pourrait être la dictature de l’ARGENT !
Pour revenir à la controverse sur la liberté de la presse, comment l’Elysée traite les photographes en France: http://www.polkamagazine.com/emmanuel-macron-et-les-photographes-le-mepris/
Il est certain que François Hollande casqué sur son scooter, ça avait de la gueule… Je comprends que les photographes professionnels regrettent le bon temps.
Selon le communiqué de presse du 11 avril 2008 du syndicat national des journalistes (SNJ) « Ce n’est pas la première fois que le gouvernement français se met hors la loi, dans une volonté effrénée de contrôler l’information et le travail des rédactions. Il y a quelques mois, lors de l’évacuation de la Jungle de Calais. Et il y a quelques jours, lorsque des équipes de télévision se sont vu refuser l’accès aux gares, dans le cadre de la couverture du mouvement social à la SNCF. »
http://www.snj.fr/article/la-libert%C3%A9-d%E2%80%99informer-est-elle-toujours-d%E2%80%99actualit%C3%A9-en-france-1538076060
La conclusion de l’article de Polka Magazine cité par La Méduse plus haut est celle-ci « A une époque où la transparence et l’authenticité sont les marqueurs forts d’une nouvelle pratique politique, différente et moderne que veut incarner, souvent avec un certain succès, Emmanuel Macron, sa manière d’agir avec les photographes, le mépris à leur endroit, sa volonté d’être le producteur exclusif et contrôleur en chef de sa représentation photographique, sa volonté d’accorder lui-même un droit de photographier ou de l’interdire, vont à contresens de l’image qu’il cherche à donner de lui »
Pour moi, il n’y a pas de contre-sens, il s’agit exactement de l’application de ce concept marketing. « L’image qu’il cherche à donner de lui-même » signifie exactement cela !
Il ne peut s’agir du regard d’un photographe sur Emmanuel Macron mais bien de la « construction » d’une image aux deux sens du terme.
Il y a dans les pays de l’Est des vents de populisme que je n’aime pas. Voir en Hongrie le cas de Ahmed H., défendu par Amnesty. Ce monsieur ne menace pas la Hongrie, on pourrait se contenter de l’expulser. Or on le condamne à sept ans de prison, sans que rien ne justifie sanction pareille. En Espagne, on emprisonne des personnes parfaitement respectables, et on parle pour le plus connu d’entre eux de 15, 20, 30 ans de prison. La situation n’est certes pas la même, mais le sens de tels comportements de gouvernements élus oui : c’est de l’intimidation, une manière de faire comprendre que les gens du dedans ou du dehors ont intérêt à se tenir tranquilles.
D’accord, le peuple de Hongrie a voté pour Orban. Tout comme le peuple a voté pour Trump, tout comme le peuple a voté pour Macron. Deux personnages hautement détestables et inquiétants à mes yeux.
Alors bien sûr, la manière dont est traité un régime politique dans nos médias diffère absolument, selon qu’il soit des USA et de France ou bien de Hongrie. Et selon qu’il soit de Madrid ou de Catalogne.
Ceci dit, il y a, dans les médias et ailleurs, une façon de voir du gauchisme partout qui ne présage rien de bon pour l’avenir. Penser que la presse chez nous est inondée par le gauchisme, sa propagande et ses mensonges, comment cautionner de telles affirmations manichéennes ? Où de telles affirmations vont-elles nous mener ?
Nous nous trouvons de plus en plus dans une bataille des mots et des informations contradictoires qui sous-tend la guerre totale que mène le système dominant à quiconque prétend le contester. Si on continue à laisser faire, tout ça durera encore un temps, et puis… boum ! Cette fois, ça ne sera pas que pour le Vietnam, l’Afghanistan, l’Irak ou la Syrie.
Chacun choisit son camp et assume son choix. Ce qui est déterminant, c’est la réalité du monde.
Nous sommes dans un monde où règnent de terribles inégalités et de terribles violences. Un monde marqué par la fuite en avant de ceux qui détiennent tous les pouvoirs : financiers, politiques et militaires.
Leurs politiques égoïstes, irréfléchies et qui ne sont inspirées que par le profit immédiat conduisent de façon inéluctable à des catastrophes.
J’ai personnellement choisi mon camp: celui des gens du peuple qui ne demandent qu’à vivre normalement et celui de la nature qui demande qu’on la respecte.