C’était il y a des années. Une énième marée noire dévastait des côtes. En cause l’Erika, en cause le Prestige? Peu importe, le naphte emportait la vie, ravageait la beauté.
Egrenez, égrenez, tendre Renée: Bhopal, Baia Mare, Guiyu, Minamata, Tchernobyl, Deepwater, Exxon Valdez, Koweït, Amoco Cadiz, la Tisza, les boues rouges, Fukushima… Combien de désastres? Combien de coupables négligences?
Combien d’autres drames encore? Moins médiatisés, cachés. Combien d’atteintes irréversibles au patrimoine naturel? Toutes ces maladies, ces cancers dont on nous tait l’origine.
Combien de punitions? Des amendes, mais si peu de comparutions! Règne de l’impunité? Non! cria le héron noir. Pour crimes contre l’humanité, contre ces irresponsables, je dépose plainte! Auprès du TPI.
J’ai pleuré l’autre jour au bord de la Gérine. Poissons morts, alevins morts, pêcheurs atterrés. Une fuite de lisier, semble-t-il. Deux colonnes dans un journal local. Qui en parle encore?
Je n’emmènerai pas ma descendance au bal du comte Mafuite. Elle mérite mieux qu’un orchestre de violons rances. Symphonie en ut bot de Méphisto Faust.
En lieu et place, je lui ferai voir l’envol des tourterelles, Porte Saint-Espoir.
Christian Campiche
