Accord institutionnel et bourse suisse, la peste et le choléra


Le 15 novembre 1315, à Morgarten, les Confédérés jetèrent dehors les Habsbourg.

PAR PIERRE ROCHAT

En 2018, après plus de 700 ans de démocratie directe, les Helvètes se retrouvent face à la menace d’un nouveau suzerain, la Commission Européenne : ou vous acceptez le droit européen comme loi supérieure ou nous vous isolons. Exit le droit de référendum, l’un des piliers du système politique suisse. 

C’est ce que nos négociateurs appellent pudiquement l’« accord institutionnel ». Et comme les Suisses se montrent réticents –on les comprend- la Commission européenne exerce un chantage: ou vous signez l’accord institutionnel ou nous ne reconnaîtrons plus la bourse suisse. 

Il faut réaliser que les 2/3 des investisseurs en bourse suisse sont étrangers. En privant les banques européennes de l’accès au marché helvétique, les investisseurs n’auront d’autre choix que de vendre leurs titres négociés en Suisse. 

Et comme ils anticipent en principe les événements, on risque de connaître une grande débâcle avant même que l’Europe ne mette sa menace à exécution. 

Le levier est puissant et la Commission Européenne le sait. Mais, machiavéliquement, cette manœuvre a aussi pour but d’affaiblir la place financière suisse très jalousée, faisant d’une pierre deux coups. Face à ce chantage, notre chef du département des finances, Ueli Maurer, n’a rien trouvé de mieux que de menacer à son tour l’Europe de ne pas reconnaître les bourses de Frankfurt, de Paris, de Milan etc. Les banques suisses seraient ainsi privées d’accès aux titres européens. Un magistral autogoal !

Devant ce dilemme, on comprend dès lors pourquoi notre nouveau ministre des affaires étrangères, Ignacio Cassis, avec l’appui des milieux économiques, fait le forcing pour signer l’accord. Après tout la Suisse n’a-t-elle pas pris l’habitude de se coucher ? 

Ou alors il faudra menacer d’interdire aux camions européens de transiter par le Gothard. On verra qui pliera. Mais qui osera? Les Waldstätten ne sont plus là.  

L’UDC mène actuellement une offensive auprès du Chancelier autrichien qui a pris au 1er juillet la Présidence européenne pour six mois. Les nationalistes réussiront-ils à déjouer le complot ? Quel retournement de l’histoire ! Après que les Suisses ont chassé les Habsbourg, c’est l’Autriche qui leur viendrait en aide ! 

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