Elles furent 32 élues avant le 14 juin 2018. Autant de nations qualifiées pour le Mondial de football. Elles sont 31 damnées depuis le 15 juillet, formations défaites à un moment ou à un autre du tournoi, qui n’ont pas gagné le trophée. Telle est la loi du sport de compétition. Un seul vainqueur, une multitude de vaincus.
Allemagne, France, Brésil, Italie, Argentine. Parce qu’ils l’ont emporté au stade ultime, une poignée de « grands » pays ont le privilège d’entretenir un souvenir impérissable dans la mémoire collective. Gloire au plus fort, malheur aux plus faibles, ils connaîtront l’oubli. Qui se souvient du finaliste malheureux de 1978 ou 1986?
Raymond Poulidor a défié sans succès son compatriote Anquetil. Une constance dans l’infortune qui a valu à cet éternel second de laisser une trace dans l’histoire. Mais quel sportif aimerait connaître le sort du sympathique cycliste français?
L’important n’est pas de participer pour les nations qui font du football un dérivatif. Pour elles, l’essentiel est de gagner. Chômage et pauvreté s’accommodent du dribble fiscal pratiqué par les riches vedettes quand celles-ci marquent. Ils le vouent aux gémonies si ces champions déçoivent.
En accédant à la finale, la Croatie a déjoué le signe indien mais n’a pas évité un destin poulidorien. Les lendemains seront amers également pour la Belgique. Troisième, elle se découvre une fierté, insuffisante pour résoudre ses problèmes identitaires. Et l’on ne parle pas de l’Allemagne, éliminée d’emblée, qui sombre dans la mélancolie. Seule la France, victorieuse des Croates, s’assure un présent radieux. Grèves et bouchons passeront mieux au quotidien.
Buvons buvons buvons le sirop typhon typhon typhon… L’universelle panacée est aussi l’incorrigible illusion.
Christian Campiche