En une semaine, la caricature a secoué la réalité. Du Baby Trump à «Who is America?».
PAR JOËL CERUTTI
Le délire pointe avec humour ceux qui en sont dépourvus : les clans conservateurs purs et durs. Et en plus, ça marche ! Désopilant, non ?
Elle plane au-dessus de la masse et dépasse la bienséance, la baudruche Baby Trump. La semaine passée, cette caricature boursouflée et gonflée, a poursuivi le président américain. Certain qu’il s’en souviendra de sa visite en Angleterre, le Donald ! Le protocole diplomatique ne prévoyait guère ce ballon qui l’incarne en bébé criard, couche-culotte et smartphone greffé dans sa main. À 30 mètres d’altitude dans le ciel londonien, au-dessus du Parlement britannique, Baby Trump a survolé les débats. Sans haine, sans violence et avec pour seule arme un financement participatif de 40 000 francs, il a cerné par la dérision aérienne l’ego d’un Trump. Dans le clan des conservateurs, le vent de la colère s’est déchaîné, les sinistres girouettes en ont perdu le Nord ! COMMENT !? Comment s’attirer les faveurs économiques des États-Unis si son Premier Citoyen est représenté en un pitoyable ballon orange avec mèche jaunasse ? ! HEIN ? ! Comment voulez-vous que les gens sérieux négocient entre gens sérieux de choses sérieuses sur l’avenir d’un monde sérieux si des rigolos soufflent de la dérision déplacée ? !
Quelques jours après l’envol du Baby Trump, Sacha Baron Cohen entre dans la danse. Le 15 juillet, la chaîne Showtime programme le premier des six épisodes de la série « Who is America ? ». Sacha Baron Cohen revient à ses premières amours : la création de faux personnages plutôt outranciers que l’humoriste plonge dans la réalité. Selon les séquences, vous aurez Billy Wayne Ruddick Jr, le Dr Nira Cain-N’Degeocello, Rick Sherman et surtout Erran Morad. Avec ce dernier, Sacha Baron Cohen touche plein centre ! C’est le moins que l’on puisse dire… Erran exerce la fonction d’agent antiterroriste israélien et il préconise un programme éducatif musclé. Quoi de mieux, pour leur sécurité, que de transformer les gosses de plus de 3 ans en dingos de la gâchette ? Pétri de ces bonnes intentions guerrières, Erran-Cohen roule dans la farine des politiciens qui soutiennent le lobby de la NRA (National Rifle Association). Il pousse très très loin le bouchon et la séquence frise le surréalisme dans un spot télévisé destiné aux têtes blondes. Vous y découvrirez comment manier et charger un Uzicorn ou un Dino Gun… La supercherie révélée a obtenu l’impact attendu. D’autres futures victimes – comme l’impayable Sarah Palin – ont dénoncé les pièges odieux, les traquenards ignobles tendus par ce piètre amuseur de Cohen.
Comment décrire la joie quasi orgasmique que je ressens face à ces vitupérations ? Grâce à elles, je connais le double effet Kiss Cool des zygomatiques. En premier, mon hilarité se débride face aux actes : le décollage de Baby Trump, l’émission de Sacha Baron Cohen. Mon bidonnage passe par une seconde vague lorsque les victimes s’indignent. Il arrive que cette deuxième couche dépasse la première car il s’agit là d’humour involontaire. Du fond du cœur, de mes tripes, de mes boyaux, merci, merci, merci! Le rire-si-bon-pour-la-santé illumine mon été sérieux et studieux par des éclats indispensables, moi je dis!